Société

Crise des valeurs / La fraude aux examens en Algérie : une fierté et un exploit

Le danger de la pratique de la fraude dans l’éducation en Algérie réside dans le fait qu’elle est considérée comme un exploit et une source de fierté parmi les élèves, malgré l’existence de mesures répressives strictes. En l’absence de sensibilisation, les diplômés des écoles, des instituts et des universités s’habituent à la fraude, soit en la pratiquant, soit en l’approuvant, soit en y restant indifférents, ou encore sans développer une position de principe à son égard. Cette pratique se propage et s’infiltre dans les rouages de la société et de l’État.

La conséquence logique est que ces individus y recourent à chaque occasion ou situation où ils cherchent à obtenir quelque chose (argent, pouvoir, emploi, promotion professionnelle, ou litige au tribunal). Étant donné que nous suivons ce sujet à travers des recherches et des observations, nous constatons que l’État et le secteur concerné, en particulier, n’ont pas pris les mesures nécessaires pour lutter contre ce phénomène, qui ne cesse de s’amplifier. Nous estimons que les mesures répressives adoptées par le ministère compétent sont insuffisantes et inefficaces, car la question ne se limite plus au domaine de l’éducation.

La fraude est devenue un phénomène sociétal auquel la société algérienne s’est habituée, au point de ne plus la considérer comme un acte grave ou choquant menaçant son intégrité, mais comme un comportement banal, même s’il est illégal. Certaines familles vont jusqu’à aider leurs enfants et les encourager à frauder, tandis que certains enseignants se dérobent à leurs responsabilités dans la lutte contre la fraude, invoquant diverses excuses (manque de protection suffisante, entre autres). Plus grave encore, le fraudeur est devenu un « héros ». Ce que nous avons observé, c’est que la fraude n’est plus perçue comme une honte, un défaut ou une faiblesse à cacher, mais comme une preuve d’intelligence, de courage et d’héroïsme.

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Le fraudeur n’hésite pas à s’en vanter et à s’en glorifier dans les cercles d’amis ou ailleurs. Certains élèves en échec scolaire exercent même une forme d’intimidation sur leurs camarades pour obtenir les réponses pendant les examens. Cette fierté de frauder dans l’éducation s’est répandue dans diverses interactions sociales, où l’on trouve des individus qui parlent avec orgueil d’avoir enfreint le code de la route, décrivant par exemple comment ils ont soudoyé un policier ou un gendarme, ou d’autres qui se vantent d’avoir obtenu un document administratif par la corruption ou le clientélisme, mettant en avant leur intelligence et leur habileté. Ainsi, la crise des valeurs dans l’éducation est devenue une crise des valeurs sociétales, et c’est précisément là qu’on peut parler d’un « effondrement des valeurs en Algérie ».

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