Au cœur du continent africain, et en Abyssinie, berceau des premières migrations islamiques, résonne une histoire spirituelle profonde. Il s’agit de l’histoire du soufisme, qui n’était pas seulement une pratique dévotionnelle, mais plutôt un élément vital qui a préservé l’identité et le tissu social de l’islam pendant des siècles. Depuis le XIIe siècle après J.-C., le soufisme est ancré dans le tissu éthiopien, représenté par les principaux ordres soufis, notamment la Qadiriyya, la Shadhiliyya et la Tijaniyya, qui ont joué un rôle essentiel dans le façonnement du tissu religieux et culturel des musulmans de la région.
Pour comprendre la profondeur de cette expérience, il faut remonter aux origines, à l’histoire de « Ihsan », que le Prophète Muhammad (paix et bénédictions sur lui) définissait comme « adorer Dieu comme si on Le voyait », et au symbolisme du « port de laine », associé à l’ascétisme et à la dévotion – des valeurs que l’islam a portées lors de son premier voyage vers cette terre bénie. L’Abyssinie, qui comprenait historiquement des parties de ce qui est aujourd’hui l’Éthiopie, l’Érythrée, la Somalie et Djibouti, a connu le premier contact direct avec l’islam. Au cours de la cinquième année de la mission du Prophète (615 apr. J.-C.), alors que la persécution des musulmans à La Mecque par les Qurayshites s’intensifiait, l’Abyssinie a offert refuge et asile. Le roi juste, le Négus, Ashama ibn Abhar, a accueilli les Compagnons du Prophète (paix et bénédictions sur lui), leur a assuré la sécurité et a maintenu l’appel à l’islam dans une position historique durable.
Le chercheur spécialisé dans les affaires africaines, Musa Shehu Mengi, confirme ce fait : « Tous les vestiges des tombes des Compagnons et les vestiges de la construction de la mosquée du Négus prouvent sans l’ombre d’un doute que le Négus s’est converti à l’islam, a abrité les nobles Compagnons et a été le premier à faire de son pays le premier lieu de migration. Avec la conversion du Négus, l’Abyssinie était considérée comme le plus ancien pays où l’islam est entré après La Mecque.
