Le président du Burundi, Évariste Ndayishimiye, a accusé les fonctionnaires de ce pays en crise de mener le pays au bord du gouffre en ne condamnant pas ceux qui profitent du marché noir du carburant et des devises. Le Burundi est le pays le plus pauvre du monde en termes de PIB par habitant, selon le classement 2023 de la Banque mondiale, soixante-quinze pour cent de sa population, soit quelque 14 millions de personnes, vit sous le seuil international de pauvreté, et une grave pénurie de carburant paralyse le pays depuis près de trois ans.
S’adressant aux fonctionnaires, le président burundais a déclaré : « Aujourd’hui, il existe un marché noir du carburant, mais vous ne voulez pas condamner les responsables, alors que c’est vous qui êtes volés en plein jour… C’est comme les devises étrangères. Les devises étrangères sont abondantes au Burundi, mais elles sont vendues au marché noir, et vous ne voulez pas condamner les responsables », a-t-il déclaré avec colère lors d’une manifestation publique à Bujumbura, la capitale. Il a demandé : « Vous préparez une tombe au cimetière de Mpanda (l’un des cimetières de Bujumbura, ndlr) suffisamment grande pour contenir le Burundi pendant que vous travaillez à le détruire » ?
Évariste Ndayishimiye a pris le pouvoir au Burundi en juin 2020 après la mort de son prédécesseur, Pierre Nkurunziza, qui avait dirigé le pays d’une main de fer pendant 15 ans. Depuis lors, le Burundi oscille entre des signes d’ouverture de la part du régime, toujours sous l’influence de généraux puissants, et une mainmise sur le pouvoir, marquée par des violations des droits humains condamnées par les ONG et les Nations Unies. André Nykwegeze, économiste burundais vivant à l’étranger, a commenté sur X.com : « Le chef de l’État est responsable de la mauvaise gestion, personne d’autre.» Un autre utilisateur du même site a réagi : « En bref, je suis le président, je vois le problème, mais je ne fais rien. Au moins, démissionnez».
En juin, le Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), qui dirigeait le pays depuis 20 ans, a remporté tous les sièges de l’Assemblée nationale lors d’élections législatives qualifiées de « frauduleuses » par l’opposition.
