La Direction fédérale des recettes fiscales nigériane (Federal Inland Revenue Service, FIRS) a signé, le 10 décembre, un mémorandum d’accord avec la Direction générale des finances publiques française (DGFiP) pour renforcer l’administration numérique des impôts. Cet accord offre au Nigeria des outils avancés, notamment des audits soutenus par l’intelligence artificielle, des systèmes de conformité automatisés, des analyses économiques en temps réel et des solutions en matière de cybersécurité. Malgré les avantages technologiques qu’il procure, des interrogations surgissent quant à savoir si cette nouvelle coopération avec la France pourrait avoir un impact négatif sur la souveraineté économique du Nigeria.
En vertu de l’accord, le Nigeria partagera des données économiques agrégées et anonymisées concernant les entreprises multinationales, les prix de transfert et les pratiques de transfert de bénéfices. Les responsables ont toutefois insisté sur le fait que les dossiers des contribuables ne quitteront pas le pays, mais des critiques estiment que même les données agrégées pourraient révéler des schémas financiers sensibles, offrant ainsi à la France une fenêtre sur l’économie nigériane, ce mémorandum s’inscrit dans un contexte de transformations plus larges du rôle de la France dans la région. Depuis 2022, Paris a mis fin à la plupart de ses opérations militaires au Mali, au Burkina Faso, au Niger, au Tchad et en Côte d’Ivoire, fermé ses bases au Sénégal, sur fond de montée des sentiments antifrançais.
Le rôle français se limite aujourd’hui à la formation, à l’échange d’informations de renseignement et à un soutien limité sur demande des gouvernements locaux. Lors d’une récente tentative de coup d’État au Bénin, la France a fourni un soutien en renseignement et logistique, tandis que le Nigeria est intervenu avec des avions de chasse et des troupes pour soutenir le gouvernement en place. À la suite de ces événements, le président français Emmanuel Macron s’est engagé à renforcer la coopération sécuritaire et la lutte antiterroriste avec le Nigeria, en réponse à une demande du président Bola Tinubu. Il semble que Paris adopte une nouvelle approche fondée sur le renforcement des partenariats bilatéraux dans les domaines économique et sécuritaire, plutôt que de s’appuyer sur une présence militaire directe.