Les autorités nigériennes ont annoncé la nationalisation de la Liptako Mining Company, qui exploite la seule mine d’or industrielle du pays, accusant le groupe australien McKinnell Resources d’avoir commis de « graves violations » ayant porté atteinte à ce secteur stratégique. Cette décision reflète l’intensification de la politique de « restauration de la souveraineté » menée par la junte militaire au pouvoir. Le gouvernement a déclaré dans un communiqué diffusé à la télévision d’État que cette décision visait à « sauver une institution stratégique » et qu’elle était « conforme à la vision du Président de donner au peuple nigérien les moyens de contrôler pleinement ses ressources naturelles ».
Les autorités ont expliqué que le groupe australien, qui a acquis 80 % des parts de l’entreprise en novembre 2019, n’avait pas préparé de plan d’investissement d’au moins 10 millions de dollars au cours des trois premiers mois de gestion de la mine, ce qui a entraîné une détérioration de la situation financière de l’entreprise et des arrêts de production répétés. Le communiqué ajoute que ce manquement a entraîné une accumulation d’impôts impayés, des retards de paiement des salaires, le licenciement de plusieurs employés et un accroissement de la dette. La mine de Liptako est située dans la région de Tillabéri, à l’ouest du pays. Sa production industrielle d’or en 2023 s’élevait à environ 177 kilogrammes, contre 2,2 tonnes pour la production artisanale, selon un rapport de l’Initiative pour la transparence des industries extractives.
Cette décision intervient environ deux mois après l’annonce par les autorités de la nationalisation de la Somaïr, filiale du groupe uranifère français Orano, dans un contexte d’escalade des tensions entre Niamey et Paris depuis le coup d’État militaire de juillet 2023. Dans le même ordre d’idées, le gouvernement nigérien a récemment ordonné à plusieurs travailleurs chinois du secteur pétrolier de quitter le pays, accusant CNPCNP de violer les lois locales et de « ne pas respecter la législation applicable ».
Ces mesures reflètent une tendance à la réduction de l’influence étrangère dans les secteurs vitaux et au renforcement du contrôle national sur les ressources naturelles, dans le cadre d’une nouvelle politique économique adoptée par le Conseil militaire depuis son arrivée au pouvoir il y a deux ans.
