Ashley Haruna n’avait pas l’intention de rester au Ghana. Mais tout a changé pour cette coach de fitness de 28 ans lorsqu’elle s’est retrouvée face à une cellule sombre à l’intérieur des murs de pierre du château de Cape Coast. Lorsque le guide touristique a expliqué que de nombreuses personnes esclavisées, retenues là, avaient fini par être envoyées à Haïti, Haruna raconte qu' »quelque chose s’est éveillé en elle ». Élevée aux États-Unis par des parents haïtiens, elle a réalisé que ses ancêtres « étaient passés par ici. Par cet endroit. Par cette terre ». « Je ne cherchais pas cela », dit-elle, réfléchissant à voix haute. « Mais c’est venu à moi ».
Ce sentiment qui s’est éveillé en cette jeune Afro-Américaine s’est intensifié lorsqu’elle est rentrée chez elle, dans l’Ohio. Quelques mois plus tard, avec l’approbation hésitante de sa famille, elle est retournée au Ghana pour s’y installer de manière permanente. C’était en décembre 2021, et Haruna suivait les traces de nombreux Afro-Américains qui cherchaient à renouer avec le pays qui pourrait être celui de leurs ancêtres. Dans les années 1950, le premier Premier ministre et président du Ghana, Kwame Nkrumah, avait encouragé le retour de la diaspora dans le cadre de son rêve panafricain et de ses efforts pour construire la nation. Pendant le mouvement des droits civiques aux États-Unis, des militants afro-américains, dont W.E.B. Du Bois, Marcus Garvey et Julian Bond, avaient appelé à s’installer au Ghana. Dans les années 1960, Du Bois s’y était installé, tout comme l’écrivaine Maya Angelou.
Les dirigeants ghanéens continuent d’encourager la diaspora africaine à renouer avec le pays et à s’y installer. En 2019, lors de « l’Année du Retour », marquant les 400 ans de l’arrivée des premiers Africains esclavisés en Virginie, plus de 200 personnes des États-Unis et des Caraïbes ont obtenu la citoyenneté ghanéenne. En 2024, dans le cadre de l’initiative gouvernementale « Beyond the Return » – le même programme qui a encouragé Haruna à s’installer au Ghana – 524 personnes de la diaspora africaine ont reçu la citoyenneté.
