Alors que le gouvernement du président John Mahama célèbre l’un des taux de revenus les plus élevés de l’histoire de l’industrie aurifère ghanéenne, des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent pour alerter sur le fait que cette prospérité économique se construit au détriment de l’environnement, de l’État de droit et même de la transparence financière. Fin octobre 2025, trois mineurs artisanaux clandestins ont trouvé la mort, coincés dans un puits abandonné dans la Région Occidentale. Selon les autorités, les victimes étaient entrées dans la fosse par des galeries non autorisées, dans un schéma récurrent des opérations de « galamsey » – le nom local du minage illégal – qui constitue désormais une industrie parallèle à l’exploitation officielle de l’or au Ghana.
Cet accident, bien que tristement banal, a remis en lumière la contradiction mortelle au cœur de l’économie de l’or ghanéenne : des revenus records d’un côté, une dégradation environnementale et un chaos réglementaire de l’autre. Entre janvier et mi-octobre 2025, les exportations d’or issues du secteur minier artisanal et à petite échelle ont atteint 81,7 tonnes, pour une valeur de 8 milliards de dollars, dépassant pour la première fois la production des grandes compagnies minières. Cette flambée est attribuée à des réformes gouvernementales : contrôles plus stricts sur les exportations, campagnes anti-contrebande et suppression de la TVA sur les activités d’exploration. Mais selon The Africa Report, cette prospérité ne s’est pas accompagnée d’un renforcement des contrôles ni d’une meilleure protection de l’environnement.
Au contraire, elle a coïncidé avec une augmentation de la pollution des rivières, l’extension du minage dans les réserves protégées et la transformation de vastes terres agricoles en zones d’exploitation. Cette explosion de la production d’or intervient alors que les revenus pétroliers du Ghana s’effondrent : la production a atteint son plus bas niveau en six ans et les recettes pétrolières ont chuté de 56 % au premier semestre 2025. Ce recul a poussé le gouvernement Mahama à dépendre de plus en plus de l’or comme source alternative de devises fortes.