Les premières journées des protestations « ville fantôme », appelées par le candidat présidentiel autoproclamé vainqueur Issa Tchiroma Bakary, ont débuté lundi 3 novembre 2025 et se poursuivent pendant trois jours à travers tout le Cameroun. À Douala, la capitale économique, un calme relatif a prévalu malgré les appels à la grève, les marchés ayant connu une activité limitée après que les autorités ont intensifié leurs rencontres avec les commerçants pour les inciter à ouvrir leurs boutiques et à ignorer l’appel. Cependant, beaucoup ont exprimé leur inquiétude face à une répétition des actes de violence qui ont suivi l’annonce des résultats de l’élection présidentielle.
Dans la région de l’Adamaoua, la ville de Banyo a connu une tension intense après la menace du gouverneur de fermer les magasins refusant d’ouvrir, ce qui a provoqué des protestations et des actes de violence ciblant des personnalités gouvernementales, dont la résidence du vice-secrétaire général de la présidence de la République, Mohamadou Moustapha, qui a été pillée et incendiée. À Garoua, ville natale d’Issa Tchiroma Bakary, les habitants ont répondu presque totalement à l’appel à la grève, la ville apparaissant complètement vide de toute circulation, en revanche, Yaoundé et le sud du pays sont restés à l’écart des protestations, les administrations publiques, les commerces et les écoles ayant poursuivi leurs activités de manière normale. Tous les regards sont tournés vers les jours à venir pour évaluer la continuité et l’extension de la réponse de la rue à l’appel « ville fantôme », qui pourrait constituer un nouveau test pour la stabilité du pays après des élections controversées.
Depuis l’annonce par le Conseil constitutionnel du Cameroun de la victoire du président Paul Biya aux élections présidentielles du 12 octobre 2025, avec les résultats officiels publiés le 27 octobre, le pays connaît des troubles et des protestations. Jusqu’à présent, les autorités n’ont publié aucun bilan officiel du nombre de morts, de blessés ou d’arrestations, ce qui a poussé les organisations de la société civile à collecter des données sur le terrain malgré des ressources limitées et des obstacles sécuritaires.