La presse britannique *The Guardian* a révélé de graves violations liées à l’appropriation illégale de terres protégées en République démocratique du Congo, où les défenseurs de l’environnement font face à des menaces physiques et à des agressions terrifiantes. Selon l’enquête, Kim Repolz – un expert environnemental nommé par le gouvernement congolais en 2022 pour protéger le parc marin de mangroves – a découvert, quelques mois après sa prise de fonction, l’existence d’une immense plantation de palmiers à l’intérieur des limites du parc, appartenant à une entreprise liée à l’ancien président Joseph Kabila. Cette plantation, qui s’étend sur plus de 400 hectares, se trouve dans une zone censée être entièrement protégée en vertu de la convention internationale de Ramsar.
Elle a entraîné la destruction d’habitats naturels pour plusieurs espèces menacées d’extinction, notamment les lamantins et les buffles sauvages. Repolz a également repéré deux ports illégaux : l’un dédié au commerce du bois, géré par un groupe chinois, et l’autre au commerce du pétrole, ce dernier étant soupçonné de fournir environ un tiers du carburant utilisé dans la capitale, Kinshasa. Après avoir exigé l’ouverture d’une enquête officielle, Repolz a été victime d’une violente agression à son domicile par sept hommes masqués. Il a été menacé d’une exécution simulée devant son jeune fils, tandis que sa femme a été violée sous la menace d’une arme. Malgré le dépôt d’une plainte officielle, aucune enquête n’a été ouverte, ce qui l’a poussé à quitter le pays avec sa famille. Avant son départ, il a adressé une lettre au ministre de l’Environnement et au président Félix Tshisekedi, dans laquelle il a exposé l’ampleur des destructions environnementales et désigné les responsables, parmi lesquels Kabila, un ancien directeur de l’Institut congolais pour la conservation de la nature, et le représentant de la RDC à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES).
Tous les accusés ont nié les allégations, les qualifiant de fabriquées ou motivées politiquement. En réaction, les États-Unis ont imposé une interdiction d’entrée sur leur territoire à deux responsables accusés de corruption environnementale. Dans un développement notable, le gouvernement congolais a rendu le mois dernier un jugement par contumace contre Kabila pour trahison, crimes contre l’humanité et corruption – un verdict qualifié de politiquement motivé par l’organisation Human Rights Watch.