Le continent africain traverse de profondes mutations sécuritaires avec le retrait de missions onusiennes majeures du Mali et de la République démocratique du Congo, ce qui pose une question essentielle : l’Union africaine (UA) est-elle en mesure de combler le vide sécuritaire grandissant alors qu’elle souffre d’un manque chronique de financement et de divergences politiques entre ses membres ? Au cours des années 2023 et 2024, les Nations unies ont mis fin à deux de leurs plus anciennes et plus importantes missions en Afrique :
– Au Mali, où la MINUSMA a été contrainte de se retirer à la demande expresse du Conseil militaire au pouvoir, ce dernier estimant que la présence onusienne contribuait à l’instabilité plutôt qu’à la résolution de la crise ;
– En République démocratique du Congo, où la MONUSCO a fait l’objet de vives critiques populaires pour son incapacité à protéger les civils et à contenir les groupes armés, conduisant à un retrait progressif.
Avec ces deux retraits, il ne reste plus que quatre missions de maintien de la paix de l’ONU sur le continent (République centrafricaine, Soudan du Sud, Abyei et Sahara occidental). Le nombre total de Casques bleus déployés en Afrique est passé d’environ 77 000 en 2016 à seulement 35 000 environ en 2024. Ce recul ne concerne pas uniquement l’Afrique : il reflète une tendance mondiale au désengagement et à la réduction des opérations de maintien de la paix. L’Union africaine dispose pourtant d’instruments juridiques et institutionnels pour intervenir dans les crises, notamment :
– le Conseil de paix et de sécurité (CPS), organe central de décision pour les interventions et le maintien de la paix ;
– la Force africaine en attente (FAA), structurée en cinq commandements régionaux, mais qui n’a jamais été pleinement activée en raison du manque de financement et d’absence de volonté politique réelle ;
– le Panel des Sages, chargé de la médiation et de la diplomatie préventive ;
– le Système continental d’alerte précoce, censé fournir en temps réel des informations sur l’évolution des conflits.