Les appels à manifester contre la présidente Samia Suluhu Hassan n’ont pas réussi à mobiliser les Tanzaniens ce mardi 9 décembre 2025, le pays est resté d’un calme inédit, malgré une intense campagne de mobilisation sur les réseaux sociaux. Ce silence s’explique par une peur profonde qui paralyse la population, après la violente répression qui a suivi les manifestations de la fin octobre dernier, au cours desquelles plus de 1 600 personnes ont été tuées selon le principal parti d’opposition, le Chadema. À Dar es Salaam, la capitale économique et l’un des épicentres des précédents mouvements de contestation, la ville a offert un spectacle inhabituel : des rues totalement désertes.
Les médias locaux ont diffusé des images de voies publiques vides, un tableau qui s’est répété à travers tout le pays. Cette absence collective dans les rues résulte d’une série d’avertissements musclés émis par la présidente et son gouvernement ces derniers jours. À la veille de cette journée coïncidant avec la fête de l’indépendance, Samia Suluhu Hassan avait déclaré : « Nous sommes prêts », une phrase largement interprétée comme une menace à peine voilée. Les mesures sécuritaires draconiennes ont joué un rôle décisif dans l’étouffement de toute tentative de rassemblement : les transports publics ont été presque totalement paralysés, rendant les déplacements très difficiles, tandis que de nombreux points de contrôle policiers et militaires ont été déployés pour vérifier l’identité des citoyens et les motifs de leurs sorties, accentuant ainsi le climat de peur.
Malgré un mois entier de mobilisation intense sur les réseaux sociaux, le 9 décembre n’a pas produit l’effet escompté. Le gouvernement en a profité pour saluer le « calme » qui régnait dans le pays et féliciter les forces de sécurité ainsi que les autorités locales. Cependant, les opposants ne semblent pas avoir renoncé. Les appels au départ de la présidente et à l’amélioration des conditions économiques se poursuivent, et un nouveau rendez-vous national a d’ores et déjà été fixé au 25 décembre 2025. Une nouvelle vague de contestation se prépare ainsi, qui pourrait ouvrir un nouveau chapitre de confrontation entre le pouvoir et une jeunesse tanzanienne déterminée à obtenir le changement.
