Plus de 3 300 personnes ont fui la violence dans le nord du Mali au cours du mois dernier, cherchant refuge en Mauritanie, alors que les combattants du groupe Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM), lié à Al-Qaïda, imposent un blocus sur les approvisionnements en carburant à travers le pays. Dans ce contexte tragique, les réfugiés rapportent des actes de violence graves attribués à l’organisation « Africa Corps ». Bethsabée Ilidji (ou Elidje), responsable de la santé des femmes chez Médecins sans frontières (MSF), décrit la situation des victimes en ces termes : « Je reste convaincue que les personnes qui fuient le Mali pour trouver refuge ici traversent souvent les mêmes conditions, mais elles ne cherchent pas immédiatement des soins médicaux.
Elles ne viennent que lorsque la situation s’aggrave, comme nous l’avons vu aujourd’hui. Sinon, beaucoup d’autres seraient victimes de violences sexuelles, mais elles préfèrent garder le silence ». Les témoignages recueillis dans le camp décrivent des attaques sanglantes. Un chef de village malien, qui a demandé à rester anonyme dans une déclaration à la presse, déclare : « Ces gens ne parlent pas. Dès qu’ils rencontrent quelqu’un, ils le tuent. Que ce soit un berger, un passant ou même une personne à la recherche de nourriture ». Les Nations unies confirment que les violences sexuelles sont endémiques depuis plus d’une décennie dans le conflit malien, mais qu’elles restent largement ignorées en raison de la peur des représailles, de l’accès limité aux soins de santé et de la stigmatisation sociale.
Şükrü (ou Sukru) Cansizoglu, représentant du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Mauritanie, souligne l’ampleur de la crise en déclarant : « De nombreux crimes sont commis au Mali, y compris des violations des droits humains. Beaucoup de personnes sont violées, agressées et tuées. Nous avons vu des familles séparées. La situation ne s’améliore pas. Et il est parfois difficile d’identifier précisément les auteurs de ces crimes ».
