Le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a affirmé, lors d’un grand rassemblement à Dakar, que le Fonds monétaire international (FMI) souhaite que le Sénégal restructure sa dette, mais que le pays d’Afrique de l’Ouest résiste à une telle mesure car elle serait « une honte ». Le FMI, qui a terminé sa mission au Sénégal jeudi sans approuver un nouveau programme de prêt, avait gelé l’an dernier le précédent programme de 1,8 milliard de dollars du Sénégal après que ses nouveaux dirigeants ont révélé des dettes cachées qui ont depuis gonflé à plus de 11 milliards de dollars.
Le président Bassirou Diomaye Faye a imputé à son prédécesseur Macky Sall la responsabilité de la crise des dettes cachées, une position réitérée par Sonko lors d’un rassemblement du parti au pouvoir, Pastef, il a déclaré : « Ce que propose le FMI, c’est la restructuration de cette dette énorme dont le parti de Macky Sall nous a accablés. Ce que nous avons dit à nos partenaires, c’est que nous ne voulons pas de restructuration car ce serait une tache d’infamie pour le Sénégal ». Et d’ajouter : « Cela laisserait entendre que le Sénégal est un État failli qui a emprunté de l’argent dans l’intention de voler. Nous leur avons dit que ce pays est un pays de dignité, un pays de fierté, et que le peuple sénégalais saura se comporter et assumer ses responsabilités ». Il n’est pas encore clair si Sonko fait référence à une restructuration des dettes locales, internationales, ou les deux.
Le FMI estime que la dette totale du secteur public, y compris les entreprises publiques, atteignait fin de l’année dernière 132 % du PIB, dont 4 % d’arriérés de dépenses locales. Le chef de mission, Edward Gemayel, a déclaré aux journalistes que les discussions se poursuivraient dans les semaines à venir et que le Sénégal est sérieux dans sa volonté de maîtriser sa dette. Gemayel a également ajouté que l’analyse de la soutenabilité de la dette, encore en cours d’élaboration, déterminera si une restructuration est nécessaire. Mais pour obtenir les fonds du FMI, le Sénégal devra prendre des mesures pour placer sa dette sur une trajectoire soutenable selon les critères du FMI.