L’agence gouvernementale chargée du cobalt en République démocratique du Congo (RDC) a annoncé la production des premières 1 000 tonnes métriques de cobalt artisanal traçable, une étape importante vers la régulation de ce secteur dans un pays qui est l’un des principaux fournisseurs mondiaux des minerais utilisés dans les batteries. La RDC détient environ 72 % des réserves mondiales de cobalt et assure plus de 74 % de l’approvisionnement global, dont la majeure partie provient de mines artisanales informelles. L’exploitation minière artisanale constitue une source de subsistance vitale au Congo, employant entre 1,5 et 2 millions de personnes et soutenant indirectement plus de 10 millions d’individus.
Le cobalt non réglementé échappe au contrôle officiel, ce qui rend sa traçabilité difficile et l’expose à des saisies gouvernementales ; cela réduit la disponibilité des matières extraites de manière éthique et fait grimper les prix du cobalt traçable. Pour limiter la surproduction et soutenir les prix, la RDC a imposé des quotas d’exportation en octobre dernier, après plusieurs mois d’interdiction totale. L’autorité de régulation « ARISCOM » gère ce système qui restreint les exportations et encourage la transformation locale en rendant moins attractif l’export de cobalt brut. L’Entreprise Générale du Cobalt (EGC), filiale de la compagnie minière publique Gécamines – créée en 2019 –, a annoncé la production de ces premières 1 000 tonnes de cobalt artisanal traçable lors d’une cérémonie organisée jeudi dernier à Kolwezi, cœur de la production de cobalt en RDC.
L’EGC a indiqué que le modèle de traçabilité adopté contribuera à assainir la chaîne d’approvisionnement et à aligner la production sur les normes internationales environnementales et sociales. Le directeur général, Eric Kalala, a déclaré lors du lancement : « Notre vision est de transformer le cobalt artisanal en un actif stratégique sous contrôle congolais », ajoutant : « Chaque tonne achetée par l’Entreprise Générale du Cobalt doit refléter non seulement la valeur du métal, mais aussi la dignité de ceux qui l’extraient ». L’Agence internationale de l’énergie prévoit une augmentation de 40 % de la demande mondiale de cobalt d’ici 2030, portée par l’expansion du marché des véhicules électriques et du stockage d’énergie.