Depuis mercredi matin, la capitale togolaise Lomé connaît une nouvelle vague de manifestations populaires, sur fond de réformes politiques récentes et de hausse des prix, dans un contexte de forte présence sécuritaire et de craintes d’une escalade vers la violence. La plupart des commerces ont fermé leurs portes, tandis que des scènes de pneus en feu et de barricades en bois ont été observées dans plusieurs quartiers de Lomé, transformés en lieux d’affrontements entre les forces de l’ordre et des groupes de manifestants.
Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour disperser des rassemblements de jeunes dispersés. Ces mouvements font suite au deuxième appel à manifester en juin, lancé par des organisations de la société civile et des figures influentes via les réseaux sociaux, pour protester contre la poursuite de la détention de voix dissidentes, la hausse des prix de l’électricité, ainsi que les récentes modifications constitutionnelles ayant conduit à la nomination du président Faure Gnassingbé comme président du Conseil des ministres – le poste le plus élevé du pays – sans limite de mandat.
L’arrestation du rappeur togolais « Amron », connu pour ses critiques virulentes contre le pouvoir, a suscité une large indignation début juin. Bien qu’il ait été libéré ultérieurement d’un hôpital psychiatrique, les autorités ont arrêté une cinquantaine d’autres manifestants, dont la plupart ont été relâchés par la suite. De son côté, Amnesty International a appelé à une enquête indépendante sur les allégations de torture subie par certains manifestants, des accusations que le gouvernement a déclaré ignorer, qualifiant les événements de « tentative de semer le chaos », selon les propos du ministre du Dialogue social, Gilbert Bawara, qui a insisté sur la nécessité de tenir pour responsables ceux qui causent ce qu’il a décrit comme des « situations illégales ».
