Les autorités ougandaises ont arrêté le général James Birungi, ancien chef des services de renseignement militaire et commandant des forces spéciales, ainsi que deux de ses collaborateurs, pour des accusations liées à la fabrication de menaces terroristes attribuées à l’Alliance des forces démocratiques (ADF), un groupe armé lié à l’organisation “État islamique”. L’ordre d’arrestation concerne également le colonel Peter Ahimbisibwe, ancien directeur de la lutte contre le terrorisme, et le lieutenant-colonel Ephraim Biarohanga, ancien responsable des opérations spéciales.
Birungi, qui était chargé de la protection du président Yoweri Museveni, de sa famille et des sites gouvernementaux clés, est actuellement détenu dans une prison militaire, accusé d’avoir orchestré certaines attaques et alertes à la bombe, y compris des attentats dans la capitale Kampala, pour justifier des opérations sécuritaires sévères. Selon des rapports locaux, une autre raison de son arrestation est l’affirmation erronée du général Birungi selon laquelle une frappe aérienne ougandaise en République démocratique du Congo avait tué Meddie Nkalubo, un haut dirigeant de l’ADF. Le président Museveni avait publiquement salué cette frappe, mais les informations de renseignement se sont révélées fausses lorsque Nkalubo a réapparu dans des rapports liés à de nouvelles activités.
En réponse, le chef de l’armée, le général Muhoozi Kainerugaba, qui se présente comme un combattant de la corruption, a ordonné une enquête sur les alertes à la bombe orchestrées, une démarche qui a conduit à ces arrestations. Depuis des décennies, l’Ouganda dépeint l’ADF comme une menace terroriste persistante, l’accusant d’une série d’assassinats et d’attentats ayant coûté la vie à des civils et des responsables. Cependant, des critiques estiment que le régime a exagéré la menace de ce groupe pour renforcer sa légitimité sur les plans national et international, notamment auprès de Washington dans le cadre de la “guerre contre le terrorisme”. Yahya Sserimba, chercheur à l’Institut de recherche sociale de Makerere, considère que ces arrestations récentes ne révèlent pas tant des “complots terroristes” qu’un conflit de pouvoir au sein de l’armée et du régime, mené par le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président et chef de l’armée, qui cherche à consolider son influence à travers des purges au sein de l’appareil sécuritaire.
