Le journal américain *Wall Street Journal* a publié un long reportage sur le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais de longue date, Yoweri Museveni, largement considéré comme le successeur potentiel de son père après quatre décennies au pouvoir. Dans son analyse du personnage de Muhoozi, le journaliste Michael Phillips, correspondant pour les affaires africaines, brosse le portrait d’une personnalité contradictoire et inquiétante, mêlant moquerie et sarcasme sur les réseaux sociaux à une autoritarisme exacerbé, allant jusqu’à se vanter de pratiques de torture et de menaces publiques.
Ainsi, tandis que Muhoozi se compare parfois à Mahatma Gandhi, le père spirituel de l’Inde, mais « sans la non-violence », et se moque du président américain Donald Trump en affirmant être plus séduisant, plus grand et plus charismatique que lui, ou encore défie le rappeur Jay-Z dans un duel où le vainqueur remporterait la chanteuse et actrice américaine Beyoncé, il ne hésite pas à se glorifier d’avoir torturé Edward Ssebuufu, le garde du corps du principal leader de l’opposition ougandaise, dans la cave de sa maison. Le journal cite trois personnes informées par Ssebuufu de l’épreuve qu’il a subie, rapportant que Muhoozi l’a forcé à s’agenouiller et à prêter serment d’allégeance à lui, commandant en chef des forces armées ougandaises, ainsi qu’à son père. Muhoozi s’est vanté d’avoir utilisé le garde du corps de Bobi Wine, leader de l’opposition, comme un sac de frappe après l’avoir détenu dans une cave, où il a été soumis à des simulations de noyade, des coups et des chocs électriques, avant d’être contraint de déclarer sa loyauté envers le président et son fils, selon le journaliste Phillips.
Ce dernier rapporte que, malgré les condamnations des organisations de défense des droits humains locales et internationales, le général n’a pas reculé, qualifiant ces actes de simples « amuse-bouches », l’ascension de la famille Museveni remonte à 1986, lorsque l’actuel président a mené une rébellion armée qui a renversé son prédécesseur, Milton Obote. À l’époque, le monde l’a accueilli comme un leader populaire à tendance démocratique, mettant fin aux massacres ethniques perpétrés sous le régime déchu.
