À seulement trois mois du lancement des campagnes électorales, une série de « dons » financiers offerts par le président ougandais Yoweri Museveni, estimés à environ 20 millions de dollars américains, a suscité une vive controverse dans le pays. Ces gestes sont accusés d’être une façade pour s’assurer la loyauté politique à l’approche de l’élection présidentielle prévue en janvier 2025. Entre juillet et septembre, Museveni a distribué des milliards de shillings ougandais en espèces, équipements et prêts à diverses catégories de la population, allant des conducteurs de motos-taxis « boda boda » aux vendeurs des marchés, en passant par les journalistes et les musiciens.
Officiellement présentées comme des programmes d’« autonomisation économique », ces initiatives sont perçues par certains observateurs comme une campagne de propagande déguisée visant à prolonger son règne de plus de 39 ans. L’un des moments les plus marquants a eu lieu le 21 septembre, lorsque Museveni a fait don de 10,2 milliards de shillings (3 millions de dollars) à 102 associations de conducteurs de « boda boda » à Kampala et dans ses environs, dans une ambiance festive dominée par la couleur jaune, symbole du parti au pouvoir, le Mouvement de la Résistance Nationale. Henry Muguzi, directeur exécutif de l’Alliance pour la surveillance du financement électoral (ACFIM), a déclaré que « le timing de ces dons ne laisse aucun doute sur leur intention d’influencer les électeurs », appelant à « dénoncer ces pratiques qui compromettent l’intégrité du processus démocratique ».
Des observateurs notent que ce n’est pas la première fois que l’argent est utilisé pour orienter l’humeur électorale en Ouganda. Museveni est connu depuis des années pour employer des aides financières et symboliques afin de consolider son influence politique, tout en critiquant régulièrement les pots-de-vin électoraux de ses adversaires. Il est à noter que le président ougandais suspend généralement ses dons dès le début officiel des campagnes électorales, en apparente conformité avec la loi interdisant la distribution d’argent aux électeurs pendant cette période, avant de les reprendre ensuite sous des appellations à caractère développemental.
