Le leader de l’opposition camerounaise Issa Tchiroma a promis de résister jusqu’à la « victoire finale » contre le président Paul Biya, appelant ses partisans à se mobiliser, alors qu’une organisation de la société civile a dénoncé les morts et les arrestations survenues lors des manifestations dans plusieurs villes. Issa Tchiroma a déclaré lors de son premier discours public depuis la confirmation par le Conseil constitutionnel de la victoire de Biya : « La vérité du scrutin est claire, nous avons remporté ces élections à une large majorité. Cette victoire n’est pas la mienne seule ; elle appartient au peuple camerounais… Nous resterons unis et mobilisés, et nous poursuivrons la résistance jusqu’à la victoire finale. » D’autres leaders de l’opposition ont également allégué une fraude généralisée, des accusations rejetées par le gouvernement.
Paul Biya, le plus ancien chef d’État au monde, âgé de 92 ans, dirige le Cameroun depuis 1982. Sa victoire aux élections du 12 octobre, annoncée lundi, a exacerbé les tensions dans ce pays riche en cacao et en pétrole, où ses détracteurs l’accusent d’exploiter les institutions de l’État pour se maintenir au pouvoir. Mercredi matin, les partisans d’Issa Tchiroma Bakary, ancien porte-parole du gouvernement devenu rival de Biya, sont descendus dans les rues de la capitale économique Douala, encore jonchée de débris et de pneus brûlés après plusieurs jours de troubles. L’organisation de la société civile « Défendons le Cameroun » a déclaré lors d’un point de presse mercredi que **au moins 23 personnes** ont été tuées par la répression des forces de sécurité contre les manifestants depuis la fin de semaine.
Dans d’autres quartiers de la ville, habituellement animés, les commerces ont commencé à rouvrir progressivement après avoir été fermés en raison des protestations et des troubles, tandis que la circulation restait faible. Le ministre de l’Intérieur Paul Atanga Nji a accusé mardi Issa Tchiroma d’incitation à la violence et à la rébellion après avoir proclamé sa victoire de manière prématurée le 13 octobre. Dans un communiqué, Nji a déclaré : « Ce candidat irresponsable, animé par le désir de mettre en œuvre un complot visant à troubler l’ordre public, a lancé des appels répétés sur les réseaux sociaux pour inciter aux troubles civils ».