La République centrafricaine organise des élections nationales le dimanche, alors que le président Faustin-Archange Touadéra brigue un troisième mandat dans un pays souffrant d’une instabilité chronique, en se vantant des progrès sécuritaires réalisés grâce à l’aide de mercenaires russes et de soldats rwandais. Outre l’élection présidentielle, les scrutins de dimanche incluent des postes législatifs, régionaux et municipaux. Les résultats préliminaires sont attendus d’ici le 5 janvier. Ce mathématicien âgé de 68 ans a supervisé un référendum constitutionnel en 2023 qui a supprimé la limite du nombre de mandats présidentiels, provoquant une vive condamnation de la part de ses critiques qui l’accusent de viser un pouvoir à vie.
Une victoire de Touadéra – résultat attendu – renforcerait probablement les intérêts de la Russie, qui échange son aide sécuritaire contre un accès aux ressources du pays, notamment l’or et les diamants. Touadéra propose également l’accès aux réserves de lithium et d’uranium du pays à toute partie intéressée. À la tête des six candidats de l’opposition figurent deux anciens Premiers ministres, Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, qui ont réussi à surmonter les tentatives de partisans de Touadéra de les disqualifier pour possession présumée d’une nationalité étrangère. Bien que leurs noms figurent sur les bulletins de vote, les analystes estiment que Touadéra reste le favori en raison de son contrôle sur les institutions de l’État et de ses importantes ressources financières.
L’organisation Human Rights Watch a déclaré le mois dernier que les obstacles rencontrés par les candidatures de Dologuélé et Dondra « s’inscrivent dans un schéma clair de manœuvres administratives qui ont entravé de manière disproportionnée les politiciens de l’opposition tout en favorisant le parti au pouvoir, le Mouvement Cœurs Unis ». Elle a ajouté : « Leur entrée tardive dans la course soulève des questions sur la possibilité pour les électeurs d’avoir un choix réel ». En 2018, la République centrafricaine est devenue le premier pays d’Afrique de l’Ouest et centrale à faire appel aux mercenaires du groupe Wagner.
Deux ans plus tard, le Rwanda a déployé des troupes pour soutenir le gouvernement de Touadéra face aux menaces des groupes rebelles contre la capitale et à leurs tentatives de perturber les élections de 2020, ce qui a finalement empêché le vote dans 800 bureaux de vote à travers le pays, soit 14 % du total.
