Le matin du 24 novembre 1974, alors que le soleil tapait de tout son poids sur les plaines arides d’Éthiopie, un événement se produisit qui allait bouleverser à jamais notre compréhension des origines de l’humanité. Entre les couches de terre et de pierre du bassin de l’Afar, près du village d’Hadar, une lueur d’espoir ancestrale apparut. Il s’agissait d’un petit os qui, au premier abord, semblait appartenir à une tortue, mais l’œil attentif d’un étudiant y décela autre chose. Ce petit os mena à l’une des plus grandes découvertes archéologiques de l’histoire : le squelette d’une femelle adulte d’Australopithecus afarensis, conservé à environ 40 % de sa forme originale, ce qui en faisait, à l’époque, le squelette d’ancêtre humain le plus complet jamais découvert.
Il ne s’agissait pas de simples ossements fossilisés éphémères ; ils étaient une fenêtre ouverte sur un monde disparu, vieux de plus de trois millions d’années. Ces créatures, appartenant à la famille des primates, vivaient sur Terre il y a environ quatre millions d’années. Elles marchaient debout sur deux pattes, mais étaient déjà capables de grimper aux arbres avec aisance. La nuit suivant la découverte, alors que la communauté scientifique était en effervescence, la chanson des Beatles « Lucy in the Sky with Diamonds » retentit, et le nom qui allait être à jamais associé à cette importante découverte était né : Lucy.
Lucy n’est pas un nom choisi par hasard, mais bien le fruit d’un vaste projet de recherche où les scientifiques ont utilisé les technologies les plus avancées de l’époque. Grâce à la tomodensitométrie (TDM), les chercheurs ont pu étudier le squelette sans l’endommager, obtenant près de 35 000 images de différentes parties des restes. Ces images ont permis la reconstruction d’un modèle tridimensionnel précis, révélant de nombreux détails anatomiques. Des techniques de datation avancées, telles que la datation argon-argon et la datation par isotopes radioactifs, ont permis de déterminer l’âge de Lucy avec une précision étonnante, toutes les analyses ont montré qu’elle a vécu entre 3 et 3,2 millions d’années et qu’elle est morte entre 25 et 30 ans.