Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a remanié la direction du parti au pouvoir, selon un décret officiel, alors que le pays est confronté à de nouveaux combats entre factions armées rivales et à de nombreuses spéculations sur les plans de succession de Kiir, 73 ans, a promu son allié sanctionné, le deuxième vice-président Benjamin Bol Mel, au poste de vice-président du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM), selon un décret diffusé sur la chaîne publique Nyirol, quelques semaines après que les Nations Unies ont déclaré le pays au bord de la guerre civile.
Paul Mel, largement considéré par les analystes politiques comme le successeur choisi par Kiir, est sous le coup de sanctions américaines depuis 2017, soupçonné que son entreprise de construction a bénéficié d’un traitement préférentiel dans l’attribution de contrats gouvernementaux. Si Kiir démissionne, le nouveau poste de vice-président du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) occupé par Paul Mel ferait de lui le président par intérim du pays. Le remaniement ministériel intervient après des mois d’incertitude politique, au cours desquels les autorités ont placé le rival de longue date de Kiir, le premier vice-président Riek Machar, en résidence surveillée, l’accusant d’avoir tenté d’inciter à la rébellion.
Le parti d’opposition de Machar a nié les accusations, affirmant que cette décision annulait de fait l’accord de paix de 2018 qui avait mis fin à une guerre civile de cinq ans entre les forces Dinka de Kiir et les combattants Nuer de Machar. Les pays occidentaux, dont les États-Unis, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, ont fermé leurs ambassades ou réduit leurs opérations au Soudan du Sud. Les changements apportés au parti au pouvoir ont vu Kiir rétrograder trois vétérans de la lutte de libération du Soudan du Sud, dont l’ancien deuxième vice-président James Wani Igga, selon un décret lu à la télévision d’État.
