Des factions de l’opposition et de la société civile ont appelé à la démission du président togolais Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, qualifiant les récents amendements constitutionnels de « haute trahison » envers le peuple et la démocratie. Lors d’une conférence de presse conjointe, les partis « Alliance nationale pour le changement » et « Forces démocratiques pour la République », ainsi que des figures de la société civile, ont exigé la démission immédiate du président, affirmant que « la souveraineté nationale appartient au peuple, et non à un dirigeant imposé ».
Ces groupes ont vivement critiqué l’adoption d’une nouvelle constitution sans référendum populaire ni consensus national, estimant que l’instauration de la « cinquième République » constitue une violation grave de la volonté populaire. L’opposition a également appelé à de nouvelles manifestations les 26, 27 et 28 juin, ainsi qu’à une « désobéissance civile » à partir du 23 du même mois, pour faire pression sur le régime. David Dosseh, porte-parole du Front national togolais, a déclaré : « Ce que nous observons est le début d’une colère populaire massive. » Il a ajouté que « le mur de la peur commence à se fissurer et que la jeunesse se réveille ».
La crise trouve ses racines en avril 2024, lorsque fut adoptée une nouvelle constitution instaurant un régime parlementaire, permettant au Parlement de nommer Gnassingbé président du Conseil, le poste le plus élevé de l’État. Le parti au pouvoir, l’« Union pour la République », ayant obtenu une large majorité aux élections législatives, a pu faire passer ces amendements sans difficulté. L’opposition considère cette manœuvre comme une tentative de prolonger le règne de Gnassingbé par des moyens légaux, après près de deux décennies au pouvoir, succédant à son père qui a dirigé le pays pendant plus de 38 ans. Les autorités, quant à elles, défendent ces réformes, affirmant qu’elles visent à « institutionnaliser la gouvernance » et à « renforcer l’unité nationale ».
Le ministre de la Réforme de la fonction publique, Gilbert Bawara, a déclaré que « la nouvelle constitution est le fruit d’un long processus de réformes », ajoutant que le nouveau système empêche les partis non patriotiques d’accéder au pouvoir.
