Société

Dakar-Djibouti : Une mission française accusée d’avoir volé les trésors artistiques africains

La statuette « Boli » trône sur ses quatre pattes dans une vitrine en cristal au musée du Quai Branly à Paris, rappelant aux visiteurs une époque sombre marquée par le transfert de nombreuses œuvres et artefacts depuis les pays africains vers les musées de la France coloniale. « Boli » est une amulette sacrée pour les tribus Bambara et Malinké, rapportée du village de Diabou au Mali en 1931. Une plaque sur la vitrine qui l’abrite indique qu’elle a été saisie dans le village malgré les protestations de son chef, ce qui conduit le président du musée, Emmanuel Kasarhérou, à comparer son arrachement de son sanctuaire à un « véritable acte de profanation ».

Cette amulette « Boli », représentation d’un animal mythique dans l’imaginaire des tribus maliennes, fait partie des milliers d’objets qu’une mission ethnographique française a réussi à ramener il y a environ un siècle sous couvert de recherches scientifiques, couvrant 14 pays d’Afrique subsaharienne. Cette année, l’exposition du musée « Quai Branly-Jacques Chirac » tente de mettre en lumière ce périple à travers une contre-enquête sur la « mission Dakar-Djibouti (1931-1933) », dans le but de mieux comprendre le contexte de cette expédition et les véritables objectifs qui se cachaient derrière ses activités. En 1931, une première mission ethnographique française, composée de 11 chercheurs, dont des spécialistes en musique, en sciences naturelles et en linguistique, s’est rendue en Afrique pour constituer une archive sur des sociétés que l’on croyait vouées à disparaître sous l’influence de la modernité.

Dirigée par Marcel Griaule, ethnologue spécialisé dans le continent africain, la mission a parcouru, jusqu’en 1933, 14 pays d’Afrique subsaharienne, du Sénégal à l’ouest jusqu’à Djibouti à l’est. Tous ces pays, à l’exception de l’Éthiopie, étaient alors sous domination coloniale européenne. Au cours de leurs recherches, les membres de la mission ont collecté environ 3 600 objets archéologiques, plus de 6 000 spécimens animaux, 370 manuscrits, 6 000 photographies, et ont documenté 3 600 mètres de films documentaires, tout en rédigeant 15 000 pages de notes descriptives. Ces objets ont été rassemblés dans la « salle de l’Afrique noire », inaugurée peu après au musée du Trocadéro d’ethnographie, qui fut ensuite rebaptisé « musée de l’Homme ».

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