Des rapports récents publiés par des organisations internationales luttant contre le trafic de drogue et la criminalité ont soulevé des inquiétudes concernant l’évolution des méthodes de production et d’exportation de l’Algérie de pilules hallucinogènes mortelles. Il est allégué que ces filières illégales ont été facilitées par l’utilisation de canaux traditionnels dédiés à l’exportation et au commerce des dattes algériennes vers le reste du monde. Selon le rapport annuel 2024 du Bureau des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), la production de pilules hallucinogènes a connu une forte augmentation au cours des deux dernières années, avec une hausse de 35 % entre 2022 et 2023, atteignant un niveau record depuis 2016.
Cette augmentation préoccupante est attribuable à l’expansion des laboratoires de production de ces pilules ainsi qu’à l’amélioration des techniques de contrebande. L’Algérie est de nouveau mise en lumière dans ce rapport mondial, où l’ONUDC la désigne comme un acteur clé dans les chaînes de production et d’approvisionnement qui acheminent les pilules hallucinogènes depuis l’Algérie vers le reste du monde, notamment en Syrie, en Irak, en Iran, au Liban, au Nigeria, en Afrique de l’Ouest, en Europe (particulièrement en France via l’Espagne), ainsi que par des voies terrestres. Le transport maritime joue également un rôle croissant dans le trafic de drogue depuis l’Algérie depuis 2016.
Le rapport souligne que de grandes quantités de pilules hallucinogènes sont acheminées directement par voie maritime depuis l’Algérie, ce qui accroît l’inquiétude des autorités internationales. De plus, sous le régime du président syrien Bachar el-Assad, le transport aérien était également très utilisé, avec des avions algériens transportant des tonnes de pilules hallucinogènes vers la Syrie, d’où elles étaient acheminées par voie terrestre vers l’Irak, le Liban, la Jordanie et la Palestine. Selon les chiffres des Nations Unies, plus de 296 millions de personnes dans le monde ont consommé des pilules hallucinogènes en 2024, soit une augmentation de 23 % en dix ans.
Ces pilules restent les substances les plus utilisées par les groupes terroristes, notamment Daech, les milices de Bachar el-Assad, le Hachd al-Chaabi, le Hezbollah et Boko Haram, ce qui met en évidence l’importance d’une surveillance étroite des activités de trafic dans la région. L’ONUDC a également confirmé que l’Algérie est la principale source des opérations de trafic de pilules hallucinogènes dans les régions du Moyen-Orient, du Sahel, de l’Afrique du Nord et de l’Ouest, où les groupes terroristes utilisent ce trafic illégal pour financer leurs activités meurtrières. En 2024, l’Algérie a également exporté des pilules hallucinogènes vers d’autres pays du Moyen-Orient et d’Europe.
Le rapport indique que l’Algérie demeure le plus grand producteur et exportateur mondial de ces pilules, grâce aux laboratoires pharmaceutiques affiliés à l’armée algérienne, notamment le complexe Saïdal. Depuis le début des années 1990, le régime algérien a placé des dizaines de laboratoires pharmaceutiques, dont le complexe Saïdal, sous le contrôle de l’institution militaire, permettant à l’armée de gérer et de superviser économiquement ces structures. L’armée a même été chargée de la production de médicaments, disposant des technologies nécessaires pour fabriquer des pilules hallucinogènes afin de répondre à la demande locale en Algérie et au Maroc, de concurrencer les mafias étrangères et de générer d’importants profits en devises étrangères.
La production de pilules hallucinogènes en Algérie a connu des transformations à tous les niveaux, les généraux ayant renforcé leur emprise. Ces laboratoires ont permis aux généraux de contrôler environ 70 % du marché mondial des pilules hallucinogènes, ce qui a poussé l’Algérie à s’adapter au marché international en produisant de nouvelles substances comme l’amphétamine et l’ecstasy. Cette dernière, particulièrement prisée, est vendue à des prix élevés sur le marché noir, où une pilule peut coûter 10 dollars, et jusqu’à 50 dollars dans les boîtes de nuit, où la demande est forte.