Société

Tunisie : Détention de femmes et d’enfants migrants africains pour mendicité

Un groupe de femmes et d’enfants migrants, majoritairement originaires d’Afrique subsaharienne, a été arrêté la semaine dernière dans la capitale tunisienne sous l’accusation de mendicité et placé en rétention au centre de l’Ouardia, dans la banlieue sud de Tunis. Selon de nombreuses organisations de la société civile, cette mesure est « inédite » et expose ces familles à un risque d’expulsion immédiate vers la frontière libyenne, en violation du droit international. Les faits remontent au jeudi 13 novembre 2025. Un Sierra-Léonais de 26 ans, résidant en Tunisie depuis quatre mois, n’a pas retrouvé sa femme et sa fille d’un an à son retour du travail. Ce n’est que le lendemain, par un appel téléphonique, qu’il a appris que sa femme, Sarah, avait été interpellée avec l’enfant par des policiers en civil alors qu’elle mendiait sur la place Barcelone, en plein centre-ville.

Selon son témoignage, les agents l’ont abordée « sans même lui demander ses papiers » avant de la conduire avec sa fille au centre de rétention de l’Ouardia, où sont actuellement détenues 16 autres femmes et 23 enfants, dont certains sont séparés de leurs parents. Le couple avait quitté la région de Sfax après des rafles répétées de la police dans les campements informels. En Tunisie, ils n’ont pas accès à l’emploi stable et ne peuvent plus recevoir de transferts d’argent de l’étranger, mesure imposée par les autorités depuis l’été 2023 pour freiner les départs vers l’Europe. Ils survivent grâce à des petits boulots et à la mendicité. Victor explique : « Ce que je gagne ne suffit pas. Ma femme complète quand elle peut ».

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Pour les ONG locales, cette arrestation collective marque un tournant. Un militant, qui a requis l’anonymat, alerte : « C’est la première fois que l’on voit des femmes et des enfants détenus pour mendicité ». Bien que la mendicité soit un délit hérité du code pénal colonial, elle entraînait jusqu’ici des détentions très courtes suivies d’une libération rapide, surtout lorsqu’il s’agissait de femmes accompagnées d’enfants. Il ajoute : « Cette fois, la situation est extrêmement préoccupante. On assiste à une escalade, en violation des conventions internationales que la Tunisie a pourtant ratifiées ».

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