Le camp du président sortant Umaro Sissoco Embaló et celui de Fernando Dias, considéré comme son principal rival, ont tous deux annoncé lundi leur victoire à l’élection présidentielle en Guinée-Bissau, avant même la publication des résultats officiels. Ces déclarations contradictoires font craindre une escalade des tensions dans ce petit pays d’Afrique de l’Ouest coutumier des coups d’État, au lendemain du scrutin de dimanche qui a vu, pour la première fois, le parti historique ayant mené la lutte pour l’indépendance face au Portugal être exclu du pouvoir. Ce parti, le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), a apporté son soutien à Dias. En cas d’absence de majorité absolue (>50 %) pour l’un des candidats, un second tour sera organisé.
Lundi, Fernando Dias a déclaré depuis le siège de sa campagne à Bissau : « Nous avons gagné la course présidentielle. Il n’y aura pas de second tour. Mon peuple est épuisé, il a besoin d’un changement au sommet de l’État ». De son côté, Óscar Barbosa, porte-parole de la campagne d’Embaló, a affirmé lors d’une conférence de presse séparée la victoire d’Embaló et l’inutilité d’un second tour, déclarant : « Nous demandons à nos adversaires de s’abstenir de proclamer des résultats qui pourraient jeter le doute sur le processus électoral ». Fernando Dias, 47 ans, issu du Parti du renouveau social, a gagné en dynamique après avoir reçu le soutien de l’ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira, leader du PAIGC, arrivé deuxième lors de l’élection présidentielle contestée de 2019.
Umaro Sissoco Embaló, 53 ans, ancien général de l’armée, brigue une réélection qui ferait de lui le premier président du pays à obtenir un second mandat depuis trois décennies. Plus de 65 % des électeurs ont voté dimanche. Les résultats provisoires sont attendus jeudi, selon Idrissa Diallo, porte-parole de la Commission nationale électorale. Aucune réaction immédiate de la commission n’a été émise concernant les proclamations contradictoires de Dias et d’Embaló.