Le leader de l’opposition camerounaise et président du parti MANIDEM, Anicet Ekane, est décédé ce lundi 1er décembre, ont confirmé sa famille et ses avocats ce matin. Son décès survient 38 jours après son arrestation à Douala le 24 octobre, et sa détention depuis lors dans les cellules de la Secrétairerie d’État à la Défense (SED) à Yaoundé. L’état de santé d’Ekane s’était visiblement détérioré durant le week-end, ont indiqué ses avocats, malgré les soins qu’il recevait au sein de la garnison militaire. Le 30 novembre, son parti politique avait publié un communiqué exprimant une « vive inquiétude » face à la dégradation rapide de son état de santé, exigeant son transfert urgent vers un autre hôpital pour recevoir des soins « plus appropriés ».
Le parti avait, de façon prémonitoire, tenu le régime de Yaoundé responsable de toute conséquence découlant du refus de ce transfert, ce lundi matin, la nouvelle s’est rapidement répandue dans les médias et sur les réseaux sociaux, avant d’être confirmée par la famille et le collectif de défense : Anicet Ekane est mort en détention, dans des circonstances qualifiées de « mystérieuses ». L’annonce de la mort d’Anicet Ekane a provoqué une vague massive de choc et de tristesse au Cameroun, où sa carrière politique de plus d’un demi-siècle reste l’une des figures les plus emblématiques de la lutte de l’opposition. Issu de la génération qui a porté, au début des années 1990, la revendication de la démocratie pluraliste et l’appel à une conférence nationale souveraine qui n’a jamais vu le jour.
Arrêté et jugé en 1990 devant un tribunal militaire pour « activités subversives », il était considéré comme l’un des principaux héritiers politiques des figures historiques de la lutte nationale. Fondateur du MANIDEM, Anicet Ekane a participé à plusieurs scrutins électoraux et fut une voix forte en défense des causes sociales et des catégories les plus pauvres. Lors de l’élection présidentielle de 2025, Anicet Ekane avait joué un rôle marquant : il avait d’abord annoncé le soutien de son parti à Maurice Kamto, avant d’apporter son soutien total au candidat Issa Tchiroma Bakary, arrivé officiellement deuxième mais qui se proclame vainqueur réel du scrutin.