Société

Le volcan « Hayli Gobe » et le barrage de la Renaissance : l’eau a-t-elle réveillé le monstre endormi ?

Après un sommeil profond estimé entre 10 000 et 12 000 ans, le volcan Hayli Gobe, situé dans la région de l’Afar en Éthiopie, s’est brusquement réveillé, suscitant une question évidente : quels sont les nouveaux facteurs qui ont pu provoquer l’éveil de ce monstre endormi après une si longue période de dormance ? Parmi les explications qui ont circulé abondamment pour tenter de comprendre ce phénomène, certains ont cherché à imputer la responsabilité au Grand Barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD). Bien qu’il soit scientifiquement établi qu’il n’existe pas de lien direct entre la construction de barrages et les éruptions volcaniques, certains experts estiment qu’il pourrait exister des facteurs géologiques et hydrologiques créant un lien indirect.

Parmi eux figure le Dr Karam Abd El-Mohsen, chercheur aux universités du Michigan et d’Arizona (États-Unis), qui appuie son hypothèse sur les résultats d’une étude publiée dans la revue *PNAS* (Proceedings of the National Academy of Sciences), à laquelle il a participé avec d’autres chercheurs de plusieurs universités américaines. Dans une déclaration à Al Jazeera Net, le Dr Abd El-Mohsen a indiqué que « l’étude, réalisée à l’aide de satellites, a détecté une importante infiltration d’eau du barrage, estimée à environ 30 milliards de mètres cubes sur quatre ans ». Il a ajouté que « l’eau se déplace rapidement à travers les roches volcaniques et les failles profondes, et peut parcourir des centaines de kilomètres. Ce type d’activité ne provoque pas directement une éruption volcanique, mais peut contribuer à réactiver des failles liées au Grand Rift est-africain, là où se trouve précisément le volcan Hayli Gobe ».

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Le lien entre la réactivation des failles, les séismes qui en découlent et les éruptions volcaniques est scientifiquement bien établi. De nombreuses études montrent que les tremblements de terre peuvent jouer un rôle déterminant dans l’accélération de l’éruption de certains volcans, surtout lorsque ceux-ci sont déjà dans un état de « préparation interne » à l’explosion. Quand la chambre magmatique est pleine et que la pression augmente dans les profondeurs, un séisme même de magnitude modérée peut ouvrir de nouvelles fissures dans la croûte terrestre, offrant ainsi au magma un chemin rapide vers la surface et précipitant le moment de l’éruption.

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