Le continent africain est le théâtre d’une course effrénée à ses ressources minières critiques, alors que la demande mondiale augmente pour des éléments comme le cobalt, le lithium, le cuivre et les terres rares, utilisés dans les industries de la défense, l’aéronautique, les véhicules électriques et l’intelligence artificielle. Un rapport récent du Centre africain pour les études stratégiques révèle que la Chine contrôle désormais plus de la moitié de la production mondiale de ces minéraux et monopolise environ 87 % des opérations de traitement et de raffinage, Pékin s’est d’abord concentrée sur le renforcement de ses capacités en traitement des terres rares, avant d’étendre son emprise sur les actifs miniers africains.
Elle a ainsi acquis des mines majeures, telles que la mine de cuivre de Khoemacau au Botswana (2023), la mine de lithium de Goulamina au Mali (2024) et la mine de terres rares de Ngualla en Tanzanie (2025). De même, l’entreprise chinoise BYD, premier fabricant mondial de véhicules électriques, a sécurisé six mines de lithium en Afrique pour couvrir ses besoins jusqu’en 2032. La domination chinoise ne se limite pas aux mines, mais s’étend aux infrastructures reliant les ressources aux marchés mondiaux. La Chine finance et construit des réseaux ferroviaires, des ports et des centrales électriques, comme le projet de modernisation de la ligne Tanzanie-Zambie qui relie les champs de cuivre et de cobalt aux ports de l’océan Indien. Selon le rapport, cette infiltration donne à Pékin la capacité de contrôler le calendrier et les coûts des exportations minières africaines, renforçant ainsi son influence géopolitique.
Le rapport souligne également que les entreprises minières chinoises sont souvent accusées de violer les normes environnementales et laborales. En février 2025, une fuite chimique massive provenant d’une entreprise chinoise a pollué la rivière Kafue en Zambie, principale source d’eau potable, provoquant des protestations et des poursuites judiciaires inédites. En République démocratique du Congo, les autorités ont suspendu les opérations d’une entreprise chinoise après une fuite de millions de mètres cubes de substances chimiques près de la ville de Lubumbashi. Malgré cette domination, certains pays africains commencent à prendre des mesures pour limiter l’exportation de matières premières non transformées.