Le taux de naissances hors mariage, résultant de relations extraconjugales, est en hausse. Les chiffres officiels publiés par le ministère de la Solidarité nationale et de la Famille indiquent que plus de quatre mille enfants naissent chaque année hors mariage. Ce phénomène est attribué à la multiplication des familles monoparentales et aux agressions sexuelles, avec plus d’un millier de cas documentés chaque année. Cette situation pousse certaines femmes à recourir à l’avortement et à accoucher hors mariage par crainte du scandale et de la stigmatisation sociale.
Par ailleurs, la Ligue algérienne pour la défense des droits humains, bien que dissoute par l’État, estime à environ 125 000 le nombre de naissances hors mariage chaque année en dehors des hôpitaux publics, ce chiffre inclut les mariages temporaires (mut’ah) célébrés selon le rite chiite, qui contribuent toujours à ce phénomène en Algérie. La Ligue, par la voix de son président, Ben Cheikh El-Houcine Diaa Eddine, a alerté, dans une interview accordée à notre site web, sur l’augmentation alarmante du phénomène d’abandon d’enfants nés hors mariage. Il a appelé à la mise en place d’un mécanisme efficace pour empêcher les mères célibataires d’abandonner leurs enfants dans la rue.
Les militants des droits humains estiment que le nombre réel de cas est bien supérieur aux chiffres officiels, compte tenu du nombre important d’enfants placés en famille d’accueil, sans parler des milliers de dossiers de paternité en cours. Ceci confirme que le nombre d’enfants de filiation inconnue est plus élevé que ne le suggèrent les statistiques officielles, les nettoyeurs découvrent fréquemment des corps de nouveau-nés dans des sacs plastiques, au milieu des poubelles ; certains ont été tués ou victimes des formes de maltraitance les plus atroces. Un nettoyeur des services municipaux a confié à Al Jazeera Net avoir trouvé à plusieurs reprises des nouveau-nés dans des conditions déplorables.
Des sources fiables au sein de la Direction de la sécurité nationale ont confirmé que les mères célibataires sont souvent impliquées dans des cas d’infanticide néonatal. Des nourrissons ont été retrouvés errants, mutilés par des chiens, et parfois ils meurent de faim, de froid ou d’autres causes naturelles. Bien que la loi algérienne garantisse aux femmes enceintes illégalement le droit d’accoucher dans les cliniques et hôpitaux publics en toute simplicité, sans avoir à divulguer l’identité du père, la plupart d’entre elles ont recours à des lieux clandestins aménagés à cet effet et accouchent de manière traditionnelle par crainte du scandale.