Un reportage publié par la revue française *Jeune Afrique* a mis en lumière la croissance des ventes d’armes chinoises aux pays d’Afrique de l’Ouest, grâce à de multiples avantages offerts par Pékin par rapport aux pays occidentaux. Selon la journaliste Maÿlis Dudouet, plus d’un quart des importations d’armes en Afrique de l’Ouest (26 %) entre 2020 et 2024 proviennent de Chine. Pékin est aujourd’hui « le premier fournisseur d’armes et d’équipements militaires dans la région », d’après les propos rapportés de Siemon Wezeman, chercheur à l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (SIPRI). Cette progression s’explique par deux facteurs, selon Wezeman : d’abord, l’intérêt stratégique de Pékin pour les ressources du continent et son désir de renforcer sa présence économique tout en garantissant l’accès aux marchés de la région.
Le second facteur est l’augmentation de la demande d’armes dans la région, les importations ayant doublé (+100 %) par rapport à la période 2015-2019, et augmenté de 82 % par rapport à 2010-2014. Les armes chinoises ont été un choix adapté pour combler ce besoin, car elles sont moins coûteuses que les armes occidentales, selon Wezeman. Elles sont également, poursuit-il, exemptes des restrictions politiques et liées aux droits de l’homme souvent imposées par les partenaires occidentaux, comme la France et les États-Unis, qui ont renforcé leurs contraintes sur les exportations d’armes vers certains pays d’Afrique de l’Ouest en raison de questions liées aux droits humains. Les plus fortes augmentations de la demande d’armes ont été enregistrées au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal, selon les données du reportage.
Wezeman a souligné que les acquisitions des États variaient selon leurs besoins militaires. Au Mali, le gouvernement s’est concentré sur l’achat de véhicules blindés, d’équipements légers et de drones, en raison de son budget limité et de l’escalade des menaces sécuritaires internes. En revanche, les pays financièrement plus solides et confrontés à moins de défis sécuritaires, comme l’Algérie et le Maroc, ont préféré acquérir des navires et des systèmes militaires, afin de protéger leurs frontières et de renforcer leurs capacités stratégiques, selon le reportage.