Quelques jours avant la reprise des exportations de pétrole du Soudan du Sud via les ports soudanais après une interruption de près d’un an, Khartoum a commencé à fermer à nouveau l’oléoduc de pétrole brut, les observateurs ont considéré cette décision comme un message politique et économique adressé à Juba, que les milieux gouvernementaux soudanais accusent de soutenir les Forces de soutien rapide. Une source au sein du ministère soudanais de l’Energie et du Pétrole a déclaré que le Soudan avait informé le gouvernement sud-soudanais que les autorités soudanaises avaient demandé aux compagnies pétrolières de commencer à fermer l’oléoduc transportant le pétrole brut du Soudan du Sud vers les terminaux d’exportation de Port Soudan, selon le correspondant d’Al Jazeera au Soudan.
Dans une lettre adressée à son homologue sud-soudanais, le ministre soudanais de l’Énergie et du Pétrole, Muhieddin Naim, a attribué cette décision aux attaques menées par des drones des Forces de soutien rapide ciblant les installations pétrolières au Soudan. La lettre explique que le 9 mai, un drone a attaqué une station de pompage dans la région d’Al-Hudi, à l’est d’Atbara, dans l’État du Nil, entraînant de lourdes pertes. La veille, un drone avait attaqué un dépôt de carburant dans l’État du Nil Blanc. La lettre souligne également que les attaques contre les centrales électriques ont provoqué des pannes de courant dans les terminaux maritimes, impactant leur capacité à charger simultanément du pétrole brut, tandis que le ciblage des dépôts menace de créer une grave pénurie de carburant essentiel aux systèmes de transport.
Depuis sa sécession en 2011, le Soudan du Sud, pays enclavé, dépend de l’exportation de son pétrole via Port-Soudan, sur la mer Rouge. Le flux de pétrole brut en provenance du Soudan du Sud est d’environ 100 000 barils par jour, ce qui constitue une source importante de revenus pour les deux pays. La majorité des champs et des centres de traitement technique sont situés à l’intérieur des frontières soudanaises, et le pipeline soudanais a été mis en œuvre avant la séparation. Juba a envisagé de construire des pipelines alternatifs via le Kenya ou Djibouti via l’Éthiopie, mais a estimé que cela était économiquement irréalisable et que le Soudan était la meilleure option dans les circonstances actuelles.
