Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a annoncé la formation d’une commission judiciaire spéciale chargée d’enquêter sur les crimes commis pendant l’ère de l’apartheid, pour lesquels les responsables n’ont pas été tenus pour responsables, malgré plus de trois décennies écoulées depuis la fin officielle du régime raciste. Cette décision intervient en réponse à des pressions croissantes de la part d’organisations de défense des droits humains et de survivants de cette période, ainsi qu’à une action civile intentée par les familles des victimes, exigeant que l’État honore ses engagements envers la justice transitionnelle.
Bien que la Commission de la vérité et de la réconciliation, établie dans les années 1990, ait été une étape audacieuse vers la réconciliation nationale, elle a accordé un pardon conditionnel à ceux qui ont confessé leurs crimes et recommandé la poursuite judiciaire de ceux qui ne l’ont pas fait. Cependant, ces recommandations n’ont pas été mises en œuvre, laissant des blessures ouvertes dans la mémoire des victimes, après des années de silence officiel, l’État rouvre aujourd’hui ce dossier épineux, dans une tentative de rendre justice aux victimes et de restaurer la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires. La période de l’apartheid (1948-1994) a été marquée par de graves violations des droits humains, notamment des exécutions extrajudiciaires, des tortures et des disparitions forcées.
Parmi les crimes les plus marquants figurent le massacre de Sharpeville en 1960 et le soulèvement de Soweto en 1976, au cours desquels des centaines de manifestants pacifiques ont été tués par les forces de sécurité. La nouvelle enquête vise à tenir responsables les individus impliqués, qu’il s’agisse de membres des forces de sécurité ou de politiciens ayant donné des ordres ou couvert ces crimes. Les observateurs estiment que cette initiative pourrait rétablir l’équilibre entre les concepts de « justice » et de « réconciliation », qui ont longtemps été en tension dans l’expérience sud-africaine. Si la réconciliation a permis d’éviter une guerre civile, l’absence d’une justice complète a laissé un sentiment de déception chez de nombreuses victimes. Les défenseurs des droits humains espèrent que cette commission marquera un véritable début pour la responsabilisation des coupables, et non une simple mesure symbolique visant à apaiser la colère populaire.
