Le Front révolutionnaire bleu érythréen, connu sous le nom de « Brigade Nahmedu », a annoncé l’ouverture officielle de son bureau dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba, à l’issue d’une série de réunions à huis clos qui ont duré plusieurs jours. Cette démarche marque le début d’une nouvelle organisation politique visant à défier le régime au pouvoir en Érythrée. Le mouvement a déclaré que son objectif est de « lutter pour la justice, la démocratie et la liberté du peuple érythréen » face à ce qu’il qualifie de « régime oppressif du Front populaire pour la démocratie et la justice ».
Par ailleurs, le mouvement a lancé son site web officiel, une initiative visant à renforcer sa présence médiatique et à élargir sa base populaire. Selon les observateurs, le lancement de ce front depuis l’Éthiopie pourrait ouvrir un nouveau front de tensions dans les relations entre les deux pays, déjà marquées par des frictions politiques et sécuritaires, malgré l’amélioration notable des relations éthiopiennes-érythréennes après la signature de l’accord de paix en 2018 entre le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et le président érythréen Issaias Afwerki, ces relations se sont récemment détériorées en raison de facteurs sécuritaires, politiques et régionaux complexes.
Après la signature de l’accord de paix de Pretoria en novembre 2022 entre le gouvernement fédéral éthiopien et le Front de libération du Tigré, un fossé s’est creusé entre Addis-Abeba et Asmara. L’Érythrée s’inquiète de la réapparition du Front de libération du Tigré sur la scène politique et considère que l’Éthiopie n’adopte pas une position suffisamment ferme à l’égard de ce mouvement, qu’elle perçoit comme une menace constante. De plus, Asmara craint le récent rapprochement entre Addis-Abeba et certaines capitales occidentales, alors que l’Érythrée est connue pour son isolement international et son hostilité aux interventions étrangères.
Enfin, des cercles éthiopiens accusent Asmara de soutenir des éléments de l’opposition éthiopienne, notamment parmi les Amharas et les Oromos, ce qui est perçu comme une forme de pression indirecte sur le gouvernement fédéral.
