Dans un documentaire fleuve de deux heures et quarante minutes, neuf anciens combattants du groupe Wagner russe ont partagé leur expérience au Mali, où ils ont opéré pendant plus de trois ans dans des opérations militaires. Ces témoignages, diffusés sur une chaîne Telegram proche des mercenaires et révélés par le magazine *Jeune Afrique*, contiennent des aveux de crimes de guerre ainsi que des critiques acerbes contre l’armée malienne, qualifiée de « lâche » et « incompétente ». Les combattants, visages masqués et portant des lunettes noires, ont raconté leurs combats dans le nord du Mali. Des extraits vidéo montraient des assauts sur des campements, des incendies de camps et des tirs indiscriminés depuis des véhicules et des aéronefs des forces armées maliennes.
Intitulé *« La marche vers l’Azawad »*, le documentaire ne se contente pas de relater les faits : il inclut également des séquences de propagande glorifiant le rôle des mercenaires face aux groupes rebelles, l’un des témoignages marquants concerne la bataille de Tinzaouatène en juillet 2024, où Wagner a perdu environ 80 combattants face aux forces de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Cette lourde défaite a exacerbé les tensions avec l’armée malienne, accusée de ne pas avoir récupéré les corps des tués et d’avoir abandonné les mercenaires à leur sort. Les combattants n’ont pas hésité à accuser directement leurs homologues maliens, les qualifiant de « voleurs » et de « fuyards ». L’un d’eux a déclaré : « Chaque fois qu’ils nous voyaient sur le front, ils cherchaient à se cacher derrière nous et à jouer les héros. » Ces déclarations révèlent l’ampleur des dissensions entre les deux parties, malgré l’arrivée officielle de Wagner pour soutenir Bamako après la dégradation des relations avec Paris en 2021.
Le documentaire inclut également des images de l’ancien chef de Wagner, Yevgeny Prigozhin, mort dans un crash d’avion en 2023. Bien que Moscou n’ait jamais reconnu officiellement la présence de Wagner au Mali, le groupe a joué un rôle central jusqu’en juin 2025, date à laquelle il a été remplacé par des éléments du « Corps africain » affilié au ministère russe de la Défense.
