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Cameroun : malgré une interdiction, les « sachets de whisky » restent très populaires

Cameroun : malgré une interdiction, les « sachets de whisky » restent très populaires

Après une journée fatigante, Guy Bertrand gare son taxi dans une rue latérale de la capitale camerounaise Yaoundé, sort un sachet en plastique de whisky et le renverse d’un coup. « J’aime un bon coup de pied fort », dit-il, assis derrière le volant, ce sont souvent les Camerounais les plus démunis qui consomment ces shots alcoolisés forts mais bon marché, connus localement sous le nom de « sachet whisky » ou simplement sachets.

Ils sont d’origine douteuse et peuvent être dangereusement toxiques.

« Après une dure journée de boulot, pour se saouler vite on prend un raccourci et on boit des sachets », avoue le chauffeur de taxi de 26 ans, en septembre 2014, un décret gouvernemental interdisait la vente d’alcool en sachet et donnait deux ans aux producteurs pour écouler leurs stocks, huit ans plus tard, à Yaoundé et dans la capitale économique Douala, les packs de sachets aux couleurs vives de Bullet, Fighter, Shoot et Shooter semblent partout, ils sont suspendus à des parasols à l’extérieur de petites boutiques et les marchands ambulants les empilent à côté du lait en poudre et des bonbons pour les enfants.

Le gouvernement a accordé moratoire sur moratoire depuis 2014 suspendant le décret, mais les sachets devront être retirés de la vente d’ici la fin de l’année, selon un responsable du ministère de l’Industrie, qui a requis l’anonymat.

Pour Bertrand c’est un simple calcul. La bière locale a une force d’environ 5%, la marque de sachets King Arthur est à 43%, « C’est la même chose que sept bières et six fois moins cher », dit-il, à moins de deux mois de l’échéance pour que l’interdiction soit définitivement prononcée, les ventes de sachets explosent dans les villes et les campagnes, notamment auprès des jeunes et des personnes à faible pouvoir d’achat, au kilomètre 19 ou PK19, dans la banlieue nord de Douala, de jeunes travailleurs et chauffeurs de moto-taxi, certains très jeunes, avalent un liquide blanchâtre appelé « matango », un vin de palme fait maison mélangé à des sachets, « Cela nous réveille en quelque sorte », dit l’un des buveurs, alors que le soleil tape autour des palmiers.

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