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Ethiopie : les Oromos célèbrent leurs traditions autrefois opprimées

Ethiopie : les Oromos célèbrent leurs traditions autrefois opprimées

Dans la chaleur croissante du petit matin, des dizaines de milliers d’Oromos se rassemblent vers un lac à environ 50 km d’Addis-Abeba pour célébrer Irreecha, une fête religieuse et culturelle ancestrale, mais aussi une caisse de résonance pour des revendications identitaires et politiques longtemps étouffées, une marée blanche de robes, tuniques ou costumes, souvent ornés des couleurs noir-rouge-blanc du drapeau oromo, des enfants, des femmes et des hommes de tous âges, ont convergé dimanche, à pied, vers le lac Hora Arsadi, épicentre annuel de la cette célébration, située dans la localité de Bishoftu.

Représentant environ un tiers des quelque 120 millions d’habitants de l’Éthiopie, les Oromo sont le plus grand des quelque 80 peuples de l’Éthiopie, « Ireecha est une fête traditionnelle et culturelle importante pour le peuple Oromo », explique Sabkebar Gezu, 35 ans, propriétaire d’un petit commerce, « les Oromo viennent au lac pour remercier Wakaa », divinité ancestrale source de vie, « pour le fin de la saison des pluies et arrivée du printemps, les Oromo sont divisés à parts presque égales entre chrétiens et musulmans. Beaucoup appellent communément Dieu Waaqa et certains pratiquent encore Waaqueffannaa, le culte de Waaqa, e Waaqeffannaa accompagne depuis trois décennies le réveil des revendications identitaires Oromo, dont la culture et les traditions ont longtemps été opprimées dans l’Éthiopie moderne, unifiée au XIXème siècle par les conquêtes des empereurs chrétiens de la dynastie Salomonide, se réclamant des héritiers du roi Salomon et la reine de Saba.

Couronné en 1889, l’empereur Ménélik et ses successeurs imposèrent progressivement la langue et la culture amhariques comme modèle national éthiopien, niant ainsi leurs traditions aux Oromo, l’historiographie officielle de l’époque fait des Oromo des « barbares » civilisés, e régime militaro-marxiste du Derg, qui a renversé l’empereur Haïlé Sélassié en 1974, a à son tour largement réduit au silence leurs revendications culturelles, longtemps interdite, la célébration de l’Ireecha est réapparue à la fin des années 1990, après que le nouveau régime fédéraliste remplaçant le Derg ait garanti, via la Constitution de 1994, le droit des nationalités composant l’Ethiopie de « promouvoir leur culture », tout en restreignant largement la liberté d’expression.

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