Une légende raconte que les femmes de la région de Lamtouna, en Afrique de l’Ouest, se sont voilées lors d’une bataille pour soutenir les hommes dans leur combat, alors que l’ennemi était sur le point de les anéantir. Elles ont combattu avec bravoure sans que l’ennemi ne les reconnaisse, remportant ainsi la victoire. Depuis ce jour, les hommes ont commencé à se voiler en hommage à leurs femmes. Cette histoire, parmi d’autres, tente d’expliquer l’origine du voile des hommes dans certaines tribus d’Afrique de l’Ouest et leur attachement à cette pratique.
Bien que cette histoire soit empreinte de sentiments de gratitude et de reconnaissance pour l’héroïsme des femmes dans une région où elles n’avaient pas un rôle prédominant, surtout dans les guerres et les conflits, elle reste la plus plausible parmi toutes les explications de la tradition du voile des hommes, qui persiste malgré le passage des siècles. Parmi les historiens ayant relaté cette histoire et l’ayant considérée comme la raison du port du voile par les hommes de Lamtouna, figure l’historien arabe Ibn al-Athir dans son ouvrage *Al-Kamil fi al-Tarikh*. Il rapporte que « des gens de Lamtouna étaient partis en expédition, mais un autre ennemi attaqua leurs campements, où ne restaient que les enfants et les femmes.
Les anciens conseillèrent aux femmes de se voiler et de porter des armes pour intimider l’ennemi. Elles le firent, et l’ennemi, les prenant pour des hommes armés, emmena le bétail des pâturages et renonça à attaquer les campements. Les hommes de la tribu les rejoignirent ensuite, combattirent l’ennemi et le repoussèrent. Depuis ce temps, les Lamtouna adoptèrent le voile comme une tradition sacrée, le portant en permanence, de sorte qu’on ne distingue ni le jeune ni le vieux, et ils ne l’enlèvent ni le jour ni la nuit ».
Certains historiens expliquent l’attachement des hommes de certaines tribus d’Afrique de l’Ouest au voile par leur grande pudeur. Ainsi, le poète Yahya ibn Sahl al-Yaki, connu pour ses satires, les a loués en disant : « Lorsqu’ils ont atteint l’excellence de toutes les vertus, la pudeur les a submergés, et ils se sont voilés ».
