Le Soudan du Sud traverse une catastrophe humanitaire qui s’aggrave. Des millions d’enfants et de femmes risquent de mourir de faim en raison de la corruption endémique, de la diminution de l’aide internationale et de l’escalade des violences, selon un rapport de l’agence Associated Press. À l’hôpital de Bor, situé à 200 kilomètres de la capitale Juba, le petit Adut Dior, âgé de 14 mois, est assis sur les genoux de sa mère, son dos squelettique et ses jambes frêles trahissant une malnutrition sévère. Sa mère, comme 1,1 million de femmes enceintes ou allaitantes dans le pays, souffre elle-même de malnutrition et ne peut l’allaiter.
Un rapport soutenu par les Nations Unies avertit que 2,3 millions d’enfants de moins de cinq ans ont besoin d’un traitement contre la malnutrition aiguë, dont plus de 700 000 cas graves. La recrudescence des violences dans le nord du pays et la réduction de l’aide humanitaire ont aggravé la crise. Depuis son indépendance en 2011, le Soudan du Sud est en proie aux guerres et à la corruption. Environ 9 millions de personnes, sur une population totale de 12 millions, dépendent de l’aide humanitaire. Les enquêteurs des Nations Unies accusent les autorités de détourner des milliards de dollars de fonds publics. À l’hôpital de Bor, les cas de malnutrition ont doublé cette année, tandis que le personnel a été réduit. L’organisation « Save the Children » a dû se séparer de 180 employés, dont 15 spécialistes en nutrition. Les stocks d’aliments thérapeutiques prêts à l’emploi ont également diminué, alors que l’Agence américaine pour le développement international (USAID) couvrait la moitié de la production mondiale.
Clément Babi Nkoizi, directeur d’« Action contre la faim » au Soudan du Sud, a déclaré que 22 % des enfants souffrant de malnutrition dans le plus grand hôpital pédiatrique de Juba sont morts de faim, avertissant que « beaucoup d’enfants sont condamnés à mourir ». La crise économique s’est aggravée en raison de la guerre dans le Soudan voisin et de la hausse des prix.
