Société

La jeunesse tunisienne repousse le mariage et la société s’oriente vers un « vieillissement démographique »

Les youyous des célébrations ne résonnent plus comme autrefois, et les mariages ne brillent plus de leurs éclats habituels en Tunisie. Le mariage, jadis source de joie, est devenu un projet reporté, tributaire des conditions économiques difficiles et des transformations du système de valeurs. Selon les données de l’Institut national de la statistique (INS), le taux de mariages a chuté de 10 % en une seule année. La bulletin mensuel de l’INS pour juillet 2025 révèle que 70 942 contrats de mariage ont été enregistrés en 2024, contre 78 115 en 2023. Cette baisse, représentant plus de 8 000 contrats en un an, n’est qu’un épisode d’une tendance à la baisse continue amorcée depuis 2015.

Le sociologue Mohamed Ali Ben Zina, dans une déclaration à *Euronews Arabic*, attribue la baisse des taux de mariage en Tunisie à l’interaction de trois facteurs principaux. Le premier est d’ordre démographique : les générations actuelles en âge de se marier, notamment celles nées dans les années 1990, sont moins nombreuses que celles de leurs parents en raison des politiques antérieures de planification familiale, ce qui a réduit la « base de la pyramide démographique » et, par conséquent, le nombre de personnes en âge de se marier. Le deuxième facteur est la migration : de nombreux jeunes préfèrent quitter le pays pour construire leur avenir à l’étranger, ce qui réduit les possibilités de former des familles en Tunisie.

Le troisième facteur, le plus déterminant, est économique. Le mariage est devenu un projet coûteux nécessitant un logement et un revenu stable, dans un contexte de chômage élevé, de hausse des prix et de difficultés d’intégration sur le marché du travail. Ben Zina souligne que « les jeunes attendent désormais d’atteindre une stabilité financière avant de se marier », un objectif qui peut être repoussé indéfiniment. Les témoignages de jeunes recueillis par *Euronews Arabic* confirment les conclusions de Ben Zina, tout en ajoutant une nouvelle dimension : l’évolution des valeurs et de la structure sociale de la société tunisienne, le mariage n’est plus uniquement une institution traditionnelle, mais un choix personnel basé sur les valeurs et les principes de chacun.

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