Société

Nairobi : « L’Homme aux oiseaux » plane avec un rêve de changement

Au cœur de la capitale kenyane, où se mêlent le tumulte des vendeurs ambulants et le vacarme des voitures, un jeune homme de 27 ans attire les regards en déambulant, entouré de rapaces perchés sur ses épaules et sa tête. Les passants crient : « Birdman ! Birdman ! » (l’Homme aux oiseaux), tandis que d’autres se précipitent pour prendre des photos. Mais derrière ces scènes saisissantes se cache une histoire douloureuse de perte et d’errance, et un rêve qui refuse de s’éteindre malgré la dureté des rues. Rodgers Olu Magotha est né à Nakuru, où il avait l’habitude de se faufiler dans la réserve du lac pour observer les nuées de flamants roses et de pélicans. Dès son plus jeune âge, il se distinguait de ses camarades qui chassaient les oiseaux à la fronde, préférant les convaincre de les protéger.

Mais la mort soudaine de sa mère, alors qu’il n’avait que 13 ans, l’a plongé dans une vie d’errance, passant d’une ville kenyane à une autre, avant de s’installer dans les rues de Nairobi. Magotha décrit la vie dans la rue comme « un refuge pour les désespérés », où se croisent orphelins et survivants de violences familiales. Là, il a trouvé une « famille de substitution » parmi les enfants et jeunes sans-abri, partageant avec eux nourriture et abri, tout en essayant d’insuffler de l’espoir en apprenant aux plus jeunes à lire et à écrire. Le tournant de sa vie est survenu lorsqu’il a trouvé un oisillon blessé, une « milan noir », qu’il a adopté et nommé « Johnson ». Ce dernier est devenu son compagnon fidèle et un symbole d’espoir dans une existence marquée par les privations.

  Les organisateurs du Nairobi World U20 d'athlétisme promettent une sécurité maximale

« L’Homme aux oiseaux » est resté une figure marginale jusqu’en 2024, lorsque des manifestations massives contre la vie chère et la corruption ont éclaté. Magotha est apparu au milieu des manifestants, entouré de ses oiseaux, et ses images se sont répandues largement, faisant de lui un symbole inattendu des protestations. Mais il en a payé le prix : touché par une balle en caoutchouc à la tête et roué de coups, ses oiseaux sont restés cramponnés à lui au cœur du chaos.

Ajouter un commentaire

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Les plus lus

To Top