La Cour pénale spéciale de la République centrafricaine, soutenue par les Nations unies, a prononcé des peines d’emprisonnement allant de 18 à 25 ans à l’encontre de six chefs rebelles, reconnus coupables de crimes de guerre commis lors des violences survenues dans la ville de Ndélé, au nord du pays, en mars 2020. Ces événements ont entraîné la mort de plus de 90 personnes issues des groupes ethniques Goula et Rounga, dans le cadre d’un conflit communautaire sanglant, ainsi que la destruction massive de maisons à la suite de pillages et d’incendies.
La Cour a confirmé que les crimes commis – dont des meurtres, des mutilations et des agressions physiques – constituent de graves violations du droit international, les qualifiant d’« attaque systématique contre les civils visant à les terroriser et à les soumettre ». Quatre des accusés ont été condamnés par contumace pour ne pas s’être présentés aux audiences. Amnesty International a salué le verdict, le considérant comme une étape importante dans la lutte contre l’impunité pour les crimes graves. Cette affaire est la deuxième du genre devant la Cour, après l’affaire « Ndélé 1 », où quatre membres du groupe Goula avaient été condamnés pour des meurtres et des actes de torture lors d’une attaque sur un marché local en avril 2020, écopant de peines de 20 à 30 ans de prison.
La République centrafricaine connaît des troubles persistants depuis son indépendance de la France en 1960, exacerbés par les conflits entre factions armées et forces gouvernementales. Malgré la signature d’un accord de paix en 2019 entre le gouvernement et 14 groupes rebelles, des groupes armés contrôlent encore de vastes zones, notamment dans l’est et le nord. L’intervention de l’armée nationale, appuyée par des forces russes liées au groupe Wagner et des troupes rwandaises, a permis de reconquérir certaines régions, mais la situation sécuritaire reste fragile dans plusieurs zones, avec des menaces persistantes de la part des groupes armés.
