Le président du Soudan du Sud, Salva Kiir, a limogé mercredi Benjamin Paul Meel de ses fonctions de vice-président et de vice-leader du parti au pouvoir, selon un décret diffusé à la télévision officielle, rompant ainsi les liens avec un homme largement considéré comme son successeur préféré. « Moi, Salva Kiir (…), je relève par la présente le camarade Benjamin Paul Meel de ses fonctions de premier vice-président », indique le décret présidentiel diffusé tard mercredi soir sur la télévision d’État du Soudan du Sud (SSBC), sans préciser les raisons de la décision.
Le président a également limogé le gouverneur de la banque centrale et le président de l’autorité des recettes, tous deux perçus comme proches de Paul Meel, qui avait été nommé l’un des cinq vice-présidents du pays en février. Ces mesures s’ajoutent aux changements continus dans les hautes sphères du gouvernement du Soudan du Sud, alors que les questions sur la succession de Kiir s’intensifient et suscitent des craintes d’un retour à la guerre civile. Le Soudan du Sud, le plus jeune pays du monde, a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, mais a rapidement sombré dans une guerre civile qui a coûté la vie à environ 400 000 personnes entre 2013 et 2018.
Le décret de Kiir n’a fourni aucune explication pour ces limogeages, qui sont survenus quelques heures après des spéculations à Juba, après que la garde de Paul Meel semble avoir été réduite. Kiir a également rétrogradé Paul Meel du grade de général, auquel il l’avait promu en septembre. Paul Meel fait l’objet de sanctions américaines pour corruption présumée depuis 2017, et un rapport de l’ONU en septembre a accusé des entreprises qui lui sont liées d’avoir reçu 1,7 milliard de dollars pour des travaux de construction de routes jamais réalisés. Kiir n’a pas répondu directement aux accusations de corruption portées contre lui. Le département du Trésor américain a annoncé des sanctions contre Paul Meel en 2017, affirmant qu’il occupait le poste de « principal conseiller financier » de Kiir, une description que le bureau de Kiir a niée.