Signalant l’escalade des tensions entre le gouvernement botswanais et Anglo American, propriétaire de De Beers, la ministre des Mines, Bogolo Kenyendo, a annoncé que son pays cherchait à accroître sa participation dans la société diamantaire mondiale, afin de renforcer son contrôle sur cet actif stratégique, notamment sur sa chaîne de valeur et sa commercialisation. Les déclarations de la ministre interviennent avant la date limite d’août pour le dépôt des offres d’acquisition de l’entreprise, alors que le Botswana semble passer d’un statut d’actionnaire partiel à celui de partie cherchant à dominer une entreprise qui extrait la majeure partie de sa production de son propre sol.
Le Botswana détient actuellement 15 % du capital de De Beers, en plus de 50 % de la coentreprise Debswana, pierre angulaire de la production diamantaire du pays. Mme Kenyendo a accusé Anglo American de ne pas s’être coordonnée avec le gouvernement lors du processus de vente, affirmant que tout accord conclu sans le soutien officiel serait « difficile à conclure ». Elle a ajouté que le partenaire britannique « n’a pas mené le processus de manière transparente ». Anglo American subit une pression croissante pour se séparer de De Beers cette année dans le cadre d’un plan de restructuration, après avoir rejeté l’an dernier une offre de rachat de 39 milliards de livres sterling de BHP.
Cette décision de vente coïncide avec un fort déclin du marché mondial du diamant, dû à la concurrence croissante des pierres synthétiques et à la baisse de la demande sur des marchés clés comme la Chine. Les stocks de De Beers ont ainsi atteint des niveaux jamais vus depuis la crise financière mondiale. Bien que le gouvernement botswanais ait affirmé que le financement n’était « pas un obstacle », les analystes s’interrogent sur sa capacité à obtenir les fonds nécessaires, notamment compte tenu des prévisions d’un creusement du déficit budgétaire à 7,5 % d’ici 2026 et de la forte dépendance de l’économie aux exportations de diamants.
Pour combler ce déficit, le Botswana a récemment emprunté 300 millions de dollars à la Banque africaine de développement, ce qui reflète l’ampleur des pressions financières auxquelles le pays est confronté, malgré sa note de crédit de catégorie investissement, rare en Afrique, et son expérience limitée en matière d’emprunt sur les marchés internationaux.
