Par un matin venteux d’août, le ministre sud-africain de l’Électricité, Kgosientsho Ramokgopa, s’est tenu devant la centrale électrique de Medupi, annonçant que le pays était sur le point de mettre fin à la crise des coupures d’électricité récurrentes, connues sous le nom de « délestage », qui ont nui à la croissance économique de la plus grande économie du continent, selon un rapport du *Financial Times*. Mais derrière cette annonce, le rapport souligne une crise plus profonde : même les pays les plus industrialisés d’Afrique, comme l’Afrique du Sud, souffrent d’un réseau électrique vétuste, alimenté par des centrales à charbon obsolètes et plombé par des scandales de corruption et de vandalisme.
L’entreprise publique Eskom, qui produit un tiers de l’électricité du continent et alimente 90 % de l’Afrique du Sud, est au cœur d’un système souffrant d’un dysfonctionnement structurel chronique. Selon le rapport, la crise sud-africaine illustre l’ampleur du défi auquel l’Afrique est confrontée pour fournir de l’électricité à environ 600 millions de personnes, représentant plus de 80 % de la population mondiale privée d’un accès fiable à l’énergie. Alors que les pays du Maghreb se rapprochent d’un accès universel à l’électricité, de vastes régions d’Afrique subsaharienne plongent dans l’obscurité chaque nuit, freinant l’éducation, les soins de santé et le développement économique.
Les experts avertissent que mettre fin aux coupures ne garantit pas nécessairement la fourniture des services énergétiques nécessaires pour soutenir la croissance démographique et économique, prévue à 4,3 % cette année, le taux le plus élevé au monde, selon le *Financial Times*. Selon l’Agence internationale de l’énergie, atteindre un accès universel nécessite de connecter 90 millions de personnes par an, soit trois fois le rythme actuel, pour un coût estimé à 64 milliards de dollars par an, selon la Banque africaine de développement. Cependant, les réseaux électriques, dont certains datent de l’ère coloniale, nécessitent une réhabilitation complète, les pertes de transport et de distribution en Afrique atteignant environ 20 %, contre seulement 5 % dans les pays développés.
Le rapport souligne l’impact de la guerre russo-ukrainienne sur les prix des carburants, aggravant les difficultés des pays africains dépendants des générateurs diesel. De plus, Moscou a renforcé son influence sur les politiques énergétiques de plusieurs pays du Sahel, qui cherchent à s’éloigner des anciennes puissances coloniales.
