Depuis des années, le nord-ouest du Nigeria vit dans une spirale de violence et de chaos, à laquelle l’émergence du groupe « Lakurawa » a ajouté une nouvelle dimension. Ce groupe est devenu une force hors de contrôle, imposant une interprétation rigoriste de la charia, pillant les maisons et enlevant des civils. Selon l’hebdomadaire parisien *Jeune Afrique*, ce groupe a été initialement recruté en 2016 par les populations locales comme mercenaires étrangers provenant du Mali, du Niger et du Burkina Faso, afin de protéger leurs villages contre les bandes de pillards et de voleurs de bétail. Mais avec le temps, ces mercenaires se sont retournés contre les communautés qui les avaient accueillis, devenant une force incontrôlable, sans organisation ni cohésion idéologique claire.
À leur arrivée, les mercenaires avaient été accueillis chaleureusement par les habitants. Mais dès la fin 2018, la sympathie s’est éteinte. Le groupe a commencé à imposer la charia de manière stricte, à terroriser les responsables religieux, à punir ce qu’il considérait comme des comportements non islamiques, et à prélever des taxes sur les éleveurs sous prétexte religieux. C’est à ce moment-là qu’a commencé sa transformation en force terroriste locale, rapporte le magazine. En janvier dernier, le gouvernement nigérian a officiellement désigné les Lakurawa comme organisation terroriste, affirmant qu’ils ciblent les civils et utilisent des tactiques similaires à celles des réseaux djihadistes, ouvrant ainsi un nouveau front « terroriste ». Cependant, les liens précis de ce groupe avec les organisations djihadistes, son idéologie et sa structure restent flous, précise *Jeune Afrique*.
Les attaques des Lakurawa, d’abord aléatoires, se distinguent par leur extrême violence. Le 9 mars dernier, ils ont pris d’assaut le village de Yahaya (47 ans), pillé les maisons et enlevé plusieurs personnes, dont sa deuxième épouse, tandis que de nombreux habitants ont fui dans la forêt. En l’espace de deux jours seulement, les attaques ont visé plusieurs villages voisins, faisant des dizaines de morts et de disparus. Des témoins affirment que ces milices cherchaient à venger la mort de leur chef Maigimo, tué lors d’une opération conjointe avec des milices locales.