La cryptomonnaie en Afrique est passée rapidement d’une activité financière marginale à une force économique majeure – et les cybercriminels l’ont bien remarqué. Entre juillet 2024 et juin 2025, le continent a enregistré 205 milliards de dollars de transactions on-chain, ce qui en fait le troisième marché crypto à la croissance la plus rapide au monde. Porté par la volatilité économique et une demande croissante d’alternatives aux systèmes bancaires traditionnels, cet essor représente un défi majeur pour les gouvernements : exploiter le potentiel d’innovation de la cryptomonnaie tout en protégeant les entreprises et les citoyens contre la montée des menaces cybernétiques.
« La fraude, le piratage et les transferts illicites sont en augmentation, ciblant particulièrement les pays qui manquent de protections adéquates. Les autorités réagissent en renforçant les cadres anti-blanchiment, mais ceux-ci ne sont efficaces que s’ils reposent sur de solides pratiques de cybersécurité. Sans systèmes sécurisés pour la surveillance des transactions, la vérification d’identité et l’intégrité des plateformes, même les réglementations les plus strictes ne peuvent empêcher les criminels d’exploiter les vulnérabilités pour dissimuler des actifs volés », explique Allan Juma, ingénieur en cybersécurité chez ESET Afrique.
L’Afrique perd environ 88,6 milliards de dollars chaque année en raison de flux financiers illégaux, dont une part croissante est liée aux arnaques crypto. Ce type de fraude draine les ressources, ralentit l’investissement public et limite les opportunités pour les entreprises et les entrepreneurs, affectant directement la croissance économique du continent. Pour les décideurs politiques africains, le maintien de systèmes numériques sécurisés n’est plus seulement une obligation réglementaire : c’est devenu un impératif économique. « Les gouvernements répondent désormais par des cadres complets qui reconnaissent la cybersécurité comme partie intégrante de la régulation financière », précise Juma. Cette approche prend déjà forme dans des pays comme le Kenya et le Ghana, qui ont récemment adopté des lois sur les prestataires de services d’actifs virtuels (VASP) combinant des normes de sécurité obligatoires et des exigences de conformité pour les plateformes crypto. En comblant les vulnérabilités exploitées par les cybercriminels, ces mesures visent à rendre les transactions numériques plus sûres, plus traçables et totalement transparentes.