Les élections municipales ont eu lieu jeudi au Togo, dans un contexte d’apathie marquée des électeurs, et de tensions politiques croissantes suite aux manifestations meurtrières contre des amendements constitutionnels controversés. Selon des correspondants locaux, les bureaux de vote étaient quasiment vides à Lomé, la capitale, et un important dispositif sécuritaire était déployé aux principaux carrefours et dans les rues. Cette faible participation fait suite à des semaines de manifestations au cours desquelles, selon des organisations de défense des droits humains, sept manifestants ont été tués par les forces de sécurité, suscitant la colère de la population et la crainte d’une nouvelle répression.
Les tensions découlent d’un amendement constitutionnel adopté par le Parlement qui confère au président Faure Gnassingbé le poste de Premier ministre, doté de pouvoirs exécutifs étendus sans limitation de durée. L’opposition a qualifié cette initiative de « coup d’État constitutionnel » ouvrant la voie à un mandat indéfini. Des groupes de la société civile et des personnalités de la diaspora ont appelé au boycott des élections, les jugeant illégitimes. Malgré quelques appels à manifester, les rues de la capitale étaient désertes, dans un climat que les militants ont décrit comme « un silence teinté de peur ou de perte d’espoir de changement ». Le président Gnassingbé est au pouvoir depuis 2005, après la mort de son père, qui a dirigé le Togo pendant quatre décennies, faisant de la famille régnante l’une des plus anciennes d’Afrique.
Les partis d’opposition estiment que les récents amendements visent à contourner les restrictions constitutionnelles afin de consolider le pouvoir par des changements de position, et non par des politiques. Les récents développements mettent en évidence une crise de confiance croissante entre le régime en place et la société, notamment avec l’interdiction continue de manifester depuis les manifestations de 2017 et 2018. Les observateurs avertissent qu’ignorer la colère populaire pourrait menacer la stabilité d’un pays confronté à des défis économiques et sécuritaires croissants.
