Un tribunal tchadien a condamné samedi l’ancien Premier ministre et éminent opposant Soxie Massra à 20 ans de prison, après l’avoir reconnu coupable de discours de haine et d’incitation au massacre. Le tribunal de N’Djamena, la capitale, a condamné Massra, fervent critique du président Mahamat Idriss Déby Itno, à une peine de prison pour son rôle dans l’incitation aux violences interconfessionnelles qui ont fait 42 morts le 14 mai. Le tribunal l’a également condamné à une amende d’un milliard de francs CFA (1,5 million d’euros).
Selon le tribunal, la plupart des victimes de ces violences étaient des femmes et des enfants à Mandakao, dans le sud-ouest du Tchad. Vendredi, le procureur a requis des peines de 25 ans de prison pour tous les accusés dans cette affaire. « Notre client a été humilié », a déclaré à l’AFP Me Francis Kadjilembaye, avocat de la défense. « Il vient d’être condamné sur la base d’un dossier vide, sur la base de suppositions et en l’absence de preuves », a-t-il ajouté, arguant que le pouvoir judiciaire est instrumentalisé. Des militants du parti « Convertibles » de Masra se sont ensuite rassemblés pour protester contre cette condamnation, annonçant la nomination de l’ancien directeur financier du parti, Bidomra Kordji, à sa tête par intérim.
Il a comparu devant le tribunal avec près de 70 autres hommes accusés d’avoir participé aux meurtres. Soxsy Masra, originaire du sud du Tchad et membre de l’ethnie Ngambay, jouit d’une grande popularité auprès des chrétiens et des adeptes des religions locales du sud. Ces groupes se sentent marginalisés par le régime en place. Massara a quitté le Tchad après une répression sanglante contre ses partisans en 2022, et n’est revenu au Tchad qu’en 2024, grâce à une amnistie. Il a été Premier ministre de janvier à mai de l’année dernière après avoir signé un accord de réconciliation avec Déby. Masara s’est présenté contre Déby à l’élection présidentielle de 2024, obtenant 18,5 % des voix contre 61,3 % pour Déby, mais a revendiqué la victoire.
